Julien Kamoun – Vingt-cinq ans de ciné-concert.
HORS-SÉRIE FiMé 2025
« Faut pas s’en faire » accompagné par le Philharmonique de la Roquette, mardi 4 novembre à 20h au Théâtre du Rocher à La Garde.
Le Théâtre du Rocher à La Garde accueille le Philharmonique de la Roquette. Le trio – contrebasse, batterie et piano – s’est imposé comme l’un des spécialistes du ciné-concert en France. Julien Kamoun, batteur, raconte comment leur musique improvisée redonne vie aux films burlesques muets et, cette fois-ci, à l’univers d’Harold Lloyd.
Vous êtes des spécialistes du ciné-concert. Qu’est-ce qui vous attire dans ce mode d’expression ?
On a commencé il y a plus de vingt-cinq ans, d’abord en composant pour des spectacles de théâtre. Puis le ciné-concert est devenu notre activité principale. À l’époque, ce n’était pas très répandu de créer nos propres musiques pour des films muets. Pourtant, cette pratique existe depuis les débuts du cinéma. On a toujours aimé jouer au service de quelque chose d’autre : des films burlesques, des films d’animation et aujourd’hui même du concert dessiné. Cela nous permet d’explorer des styles différents selon les films. Nous n’avons pas un style unique : on s’adapte, et c’est ce qui nous plaît.
Qu’est-ce que vous aimez dans ce film avec Harold Lloyd ?
Nous avons beaucoup travaillé sur Buster Keaton – notre premier ciné-concert était « Le Mécano de la General ». Ensuite, nous avons découvert les autres grands du rire. Harold Lloyd est l’un des trois mythiques de cette époque avec Chaplin et Keaton. Chaplin incarne souvent un pauvre marginal, Keaton est plus désintégré socialement… Lloyd, lui, est plutôt issu d’un milieu bourgeois. Son humour reste très moderne et son rythme est un terrain de jeu formidable pour nous. Dans ce type de films, tout est très orchestré. Le film devient notre partition et nous, nous suivons son rythme, son montage, le jeu des acteurs.
Parlez-nous des musiciens de l’ensemble et de votre complicité.
Nous sommes un trio de formation plutôt jazz – contrebasse, batterie, piano – avec un son acoustique. Mais, selon les films et les scènes, l’ambiance change et on peut aller aussi vers l’électronique. On est un peu multicartes. Nous jouons ensemble depuis longtemps et cette complicité nourrit l’improvisation.
Comment avez-vous travaillé ce ciné-concert et quel sera le résultat final ?
Pour Harold Lloyd, nous jouons en totale improvisation. Nous avons, bien sûr, un bagage commun : des thèmes, des codes, des manières d’improviser développés au fil des années. Nous revoyons le film et le connaissons bien : sa narration, ses moments de tension et de suspense, ce qui nous permet d’anticiper. On n’est pas spectateurs du film, on en est partenaires. Nous avons un réservoir de thèmes dans lequel on pioche, parfois des compositions instantanées créées sur le moment et reprises jusqu’à la fin. L’image est un formidable terrain de jeu pour improviser. Et le jazz, même sur du burlesque des années 1920, fonctionne parfaitement, sans paraître anachronique.
Fabrice Lo Piccolo