Kader Attou – L’urgence de vivre.

HORS-SERIE TISOT 2023

Prélude le 6 Juin sur la Place Martel Esprit à La Seyne-Sur-Mer

« Prélude » de Kader Attou a vocation à partir à la rencontre de tous les publics, pour mener l’art où on ne l’attend pas. La musique et la danse ne font plus qu’un. Il y a une sorte d’urgence de vivre, d’humanité dansante. C’est un spectacle qui donne à voir, avec des danseurs pétris d’une grande générosité.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’inviter neuf danseurs régionaux ?
Pour pouvoir imaginer des projets artistiques pertinents, rien de mieux que de travailler avec des danseurs qui connaissent leur terre mieux que moi. Ils sont talentueux, d’une grande ouverture d’esprit. C’est une richesse qui se concentre au sein d’un groupe. « Prélude » en est la preuve. C’est une pièce pour aller vers les gens, avec une proposition musicale incroyable. L’art et la danse ne sont pas que dans les théâtres, ils doivent êtres aussi ailleurs. Pourquoi “Prélude” ? Parce que c’est un spectacle qui s’inscrit avant l’installation, comme une carte de visite, on donne à voir. Les danseurs sont d’une grande générosité.

Vous parlez de rencontre entre la musique de Romain Dubois et la physicalité des danseurs, pouvez-vous nous en dire plus?
Au départ j’ai créé le spectacle pour l’extérieur. Étant artiste associé au réseau Scène & Ciné, Anne Renault, la directrice artistique, m’a demandé si j’avais envie de l’imaginer pour un plateau de théâtre. On a travaillé pour trouver comment lui donner un espace, avec un accompagnement de lumières. Nous en avons fait une version un peu plus conséquente. Romain Dubois a créé une pièce musicale d’un seul tenant. C’est un vrai défi de danser sur sa proposition. Elle entraîne le public dans une transparence, une apnée avec les danseurs. Il y a une sorte d’urgence de vivre, d’humanité dansante. C’est un spectacle qui, dans sa durée et son intelligence musicale, possède une vraie virtuosité et a la capacité à retenir le temps et le souffle des gens.

Est-ce un défi de faire collaborer tous ces danseurs sur scène ?
C’est toujours un défi, une nouvelle page blanche. On ne sait jamais où l’on va et avec qui. J’écris et crée avec ce que sont les danseuses et danseurs. Je pars de leur sensibilité, de leur identité et de leur manière de se mouvoir. Je ne suis pas quelqu’un qui façonne les corps à mon image, chaque danseur a son identité, sa singularité. La poétique du corps est essentielle. La création a ses moments d’orages, de noirceur, de pages blanches et c’est tellement passionnant chaque fois que l’on s’y lance. Je mesure la chance que j’ai de faire ce métier.

Cherchez vous seulement à divertir ou aspirez-vous à une visée didactique?
Je ne fais pas de spectacles pour plaire aux gens même s’il y a une forme de divertissement. Il faut qu’ils en sortent différents. Les spectacles sont toujours teintés d’un récit qui veut bousculer les gens dans ce qu’ils sont. L’artiste a ce devoir d’interroger. Mes projets ont toujours été un va-et-vient entre la rue et la scène. C’est offrir avec un propos artistique, une écriture.

Un message pour les générations futures ?
La danse m’a permis d’exister, de m’émanciper et de m’ouvrir au monde. Dans l’art on découvre des univers et des talents incroyables. Sans curiosité, on ne grandit pas, on ne s’ouvre pas. Je les invite à aller voir le maximum de choses même si certains spectacles ne leur plairont pas. C’est comme ça qu’on bâtit une réflexion critique à la fois sur le monde artistique et sur son travail. Je pars du principe que dans la vie, on n’invente rien. Ce qui est important, c’est comment on propose aux gens un certain regard sur les choses et ce qui est essentiel c’est de continuer à s’émerveiller comme un enfant le ferait.

Cavalier Blanc

 

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