
KARINE GIEBEL – Entre ombre et lumière.
À CHAQUE FOIS MOURIR UN PEU / TRAUMA
Karine Giebel participe à la Fête du Livre de Hyères depuis la première édition. Aujourd’hui invitée d’honneur, elle revient sur ce rendez-vous qui lui tient à cœur. L’occasion d’évoquer son parcours, son lien avec le public, et ses prochains ouvrages.
Vous êtes l’une des invitées d’honneur de cette nouvelle édition de la Fête du Livre de Hyères. Que représente pour vous cette reconnaissance, ici dans le Sud, où vous vivez ?
C’est une très belle surprise que m’a faite le salon ! J’y participe depuis la première édition, avec la librairie Charlemagne, et je n’en ai jamais raté une seule. C’est donc une forme de reconnaissance du chemin parcouru, et ça me touche beaucoup. Ce salon a une place particulière dans mon cœur, car il permet un vrai lien avec les lecteurs. À Hyères, on prend le temps, c’est un salon à taille humaine. Les échanges sont précieux et permettent d’aller au-delà de la simple dédicace.
Justement, votre lien avec le public est très fort. Qu’attendez-vous de cette nouvelle rencontre ? Avez-vous une anecdote marquante liée à Hyères ?
Chaque année, des lecteurs reviennent me voir, parfois juste pour échanger quelques mots, même s’ils ont déjà tous mes livres. Il n’y a pas d’anecdote spectaculaire, mais ce sont justement ces moments simples qui comptent le plus. Ce que j’attends surtout, c’est d’entendre ce que mes romans ont provoqué chez eux. Ces retours sont essentiels, notamment dans les phases de doute. Ils me donnent l’envie de continuer, de me renouveler, d’écrire mieux.
Avec plus de deux millions de livres vendus, vous avez su toucher un large public. Comment expliquez-vous ce succès ?
Je pense que cela vient de ma volonté de ne jamais me répéter. À chaque roman, je crée un nouvel univers, de nouveaux personnages, avec l’ambition d’émouvoir et de surprendre. Il n’y a pas de recette. Je repars de zéro, je m’attache à ce que chaque histoire soit unique. Les lecteurs me disent souvent qu’ils sont touchés par l’humanité de mes personnages, qu’ils ressentent beaucoup d’émotions. C’est ce qui me guide, même quand j’aborde des sujets sombres.
Vos deux derniers romans, « À chaque fois mourir un peu » et « Trauma » (éd. Récamier), rendent hommage aux humanitaires. Pourquoi ce choix d’un sujet dur, mais profondément humain ?
Je voulais écrire sur le stress post-traumatique depuis longtemps, et aborder ce thème à travers un infirmier de la Croix-Rouge m’a permis d’évoquer à la fois la guerre, la souffrance, mais aussi le courage, l’abnégation. J’ai mené un travail important de documentation grâce aux archives de la Croix-Rouge et aux témoignages d’humanitaires. Ces romans montrent le pire et le meilleur de l’humanité, et c’est cette dualité qui m’intéresse : la noirceur, oui, mais toujours une lumière, un espoir.
Quels sont vos projets à venir ? Peut-on s’attendre à d’autres romans aussi engagés ?
Oui, certainement. Je viens de commencer un nouveau recueil de nouvelles, qui me permet d’explorer d’autres formats. Et une idée de roman commence à prendre forme, mais il faudra attendre 2027 pour qu’il voie le jour. Certains de mes livres, comme « Toutes blessent, la dernière tue » sur l’esclavage moderne, demandent beaucoup de temps, de recherche, de maturation. Mais même engagée, mon écriture reste résolument romanesque. Il faut que l’histoire tienne, que les personnages soient forts, que le lecteur soit emporté. C’est ça, ma priorité : raconter avec sincérité, tout en touchant profondément.
Julie Louis Delage