Kev Adams – Des légendes du cinéma en Maison en Retraite

THÉÂTRE

Kev Adams

Maison de retraite
Sortie le 16 février

« Maison de retraite » est réalisé par Thomas Gilou (« La vérité si je mens ») mais c’est bel et bien Kev Adams, rencontré lors de l’avant-première au Pathé, qui a porté ce projet, de sa conception à son exécution. Entouré d’un casting de luxe, de Gérard Depardieu à Jean-Luc Bideau en passant par Mylène Demongeot, il signe une comédie juste et touchante.

En sortant ton film aujourd’hui, tu es en plein cœur de l’actualité…

Ce n’était pas voulu. C’est bien que l’on en parle, il y a certaines choses à régler. Je rencontre des aides-soignants tous les jours qui ont l’impression de passer pour de mauvaises gens. Mais ce n’est pas la même situation partout. Ce n’est pas un film donneur de leçons. On constate une situation, mais surtout on décrit des gens que l’on résume trop souvent par le terme de « résidents ». Le sujet principal est que l’on est trop coupés de nos grands-parents.

 

Tu as porté et scénarisé ce projet, pourquoi cette envie ?

Tout d’abord, j’ai un amour fou pour mes grands-parents, que je voyais beaucoup, quand j’étais enfant. Et j’ai un pote qui a vécu une histoire similaire. Il n’avait pas de formation et s’est retrouvé en maison de retraite. Il a passé trois semaines à se plaindre, puis trois ans à vivre toutes ces émotions avec ces personnes âgées. Il a perdu un résident, c’était un vrai deuil. Il jouait aux cartes tous les jours avec lui… Ce sont des personnes fragiles, mais après quatre-vingts ans, c’est du bonus, et on vit tout plus intensément.
C’est une comédie, et en même temps, c’est très touchant…
J’aime les films où ça a l’air simple au départ, puis s’entremêlent plein de petites histoires. J’aime que ça te prenne quand tu ne t’y attends pas. On a besoin de se marrer, mais aussi d’histoires humaines.

Qu’est-ce que cela fait de jouer avec toutes ces légendes du cinéma français ?

C’est exceptionnel ! Surtout en termes d’énergie. J’ai fait ce film pour les bonnes raisons, parce que j’en avais vraiment envie, ni pour la carrière, ni pour l’argent, ni pour être à Cannes… C’est comme faire un concert avec des musiciens qui jouent depuis des années. Rien ne remplace l’expérience. C’est un film choral, tous les instruments doivent s’harmoniser. La seule manière de jouer juste face à ce type d’acteur est de les écouter. Ils étaient très impliqués, ils donnaient même des conseils sur des scènes dont ils ne faisaient pas partie. Par exemple, Bideau et Depardieu m’ont fait remarquer que quand quelqu’un meurt dans la vie, on ne pleure pas tout de suite.
L’ambiance était euphorique, avec des anecdotes tout le temps : « Tu te rappelles il y avait Brel avec nous… Tu te rappelles cette boîte ? Quand tu as joué dans Fantomas, tu étais avec Marais non ? ». Chacun a son message dans le film. Mylène Demongeot parle de la place de la scolarité, Firmine Richard dit : « les arbres prennent leur temps, alors que vous les jeunes vous voulez tout faire vite »… Jean-Luc Bideau aborde la place du théâtre dans la société et l’homosexualité. La co-scénariste, Catherine Diament m’a aidé pour le choix de ces sujets. Nous voulions également un casting que tout le monde connaisse et intergénérationnel. Ces acteurs, Demongeot, Villalonga ou Prévost par exemple, n’ont pas tous connu le succès au même moment. Ça peut rappeler de bons souvenirs à tout le monde.

Quels sont tes projets ?

J’ai tourné un film avec Camille Lelouch, « Bloqués ». Ce sont deux personnes bloquées dans un ascenseur. Il devrait sortir sur plateformes. Je vais également jouer dans une série pour TF1, une sorte de « Retour vers le futur ». Et je travaille sur mon nouveau spectacle, avec lequel je serai en tournée l’année prochaine.

Fabrice Lo Piccolo

Mars 2022