King Kaala Band – Invitation à la danse et messages profonds.
>>Artiste incontournable de la scène reggae sénégalaise, Ziclo Essamaye s’est installé depuis quelques années dans le sud de la France. Marqué par Bob Marley, Omar Pene, Lucky Dub…, il suit un chemin musical et spirituel empreint d’humanité et de désir d’unité. En cinq langues, il chante la fraternité, le partage, la tolérance, l’amour et la transmission des valeurs et de l’histoire.
Ziclo, peux-tu nous dire ce qu’est le Reggae Diola Vibration ?
Je cherchais une musique qui me parlait. J’ai commencé par le rap. L’objectif était de faire passer nos messages. A mon retour de l’armée, je me suis intéressé au reggae, musique que j’écoutais depuis longtemps. Mais j’ai souhaité y apporter une dimension nouvelle. Étant de l‘ethnie diola, d’une culture très riche et enracinée dans un savoir transmis de génération en génération, j’ai voulu intégrer ces éléments dans ma musique. Nous venons de Casamance, et tous les membres de notre ethnie effectuent la cérémonie du Bois Sacré. J’ai voulu apporter cette richesse et cet enracinement avec ces rythmes que l’on entend dans nos cérémonies. Le reggae diola vibration, c’est du reggae mais le flow et ce que les instruments racontent ont leur originalité, tirée de la Casamance et des Diolas.
Quels sont les thèmes que tu abordes dans ton reggae ?
Ce qui m’a poussé à faire du reggae, c’est mon expérience dans l’armée. Au sud de la Casamance, il y avait des problèmes de rébellion. Rebelles et militaires s’entretuaient, alors que nous sommes tous frères, d‘un même pays. Mon premier son parlait de la paix en Casamance. Pour moi, seule la paix peut développer un pays : nous sommes descendus sur terre en paix et devons mourir en paix. La paix, la tolérance, l’amour, l’entraide, sont des thèmes récurrents dans mes chansons. Mes morceaux sont aussi spirituels. Toute cette barbarie que l’on voit, c’est parce que l’on a perdu le sens moral. Je rappelle souvent dans mes chansons que nous sommes tous des êtres humains : nous ne devons pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent, nous sommes tous égaux.
Tu es originaire du Sénégal, comment es-tu venu au reggae ?
Par le biais d’un ami qui m’a fait découvrir un clip de Tiken Jah Fakoly, et tout de suite, j’ai ressenti une connexion. Sur scène, parfois, je rentre en transe, la musique me porte. Pour moi, ce n’est pas juste de la musique, c’est spirituel. Enfant, je chantonnais souvent. Au Sénégal, si tu n’es pas né dans une famille de griots, tu n’as pas le droit de chanter. Mon père m’interdisait de chanter mais ma mère me disait : “Je t’ai observé et je sais que ce qui t’anime est plus fort que toi“. J’ai réellement commencé la musique en 2014, au décès de mon père.
Tu as joué en soutien au festival de Néoules, peux-tu nous en parler ?
Nous avons fait deux concerts de soutien. Tous les Sénégalais connaissent ce festival ! Je reçois des musiciens Jamaïcains dans mon studio au Sénégal et eux aussi le connaissent. Quand je suis venu habiter en France, David m’a contacté, c’était un rêve pour moi de jouer ici ! C’est un festival que tout le monde doit soutenir, ce type d’initiative doit continuer.
Comment va se passer le concert à Néoules ?
Notre musique fait danser. Nous créons une vraie ambiance, avec de belles sonorités et de bonnes vibes. Chacun peut danser à sa manière. Moi sur scène, j’effectue la danse traditionnelle diola, mais chacun, dans le public, danse à sa façon, même à deux parfois. Notre musique est une invitation à la danse qui porte des messages profonds.
Fabrice Lo Piccolo