Kokerboom – Partager avec le public et les artistes.

>>“Qui est-ce ? #1 Fragments” le 28 avril à 14h30

Née dans un pays qui la classifiait comme n’étant “ni blanche ni noire” du fait de son métissage, la chorégraphe Désiré Davids a utilisé cette “étiquette”, de manière à rendre vif et visible son cheminement. Relocalisée à Toulon en 2017 elle y crée sa compagnie Kokerboom. Elle présentera un solo, accompagnée en live de Benoit Bottex à la création sonore, lors du festival.

Peux-tu présenter la compagnie Kokerboom ?
En 2017, après dix ans de va-et-vient entre l’Afrique du Sud et la France, j’ai décidé de m’installer à Toulon. J’avais déjà travaillé à Châteauvallon en tant que danseuse et chorégraphe, et j’ai été attirée par le Sud, sa luminosité et son ambiance. Ayant vécu à Durban, qui est également un port, Toulon m’est apparue comme un choix naturel. J’ai relancé mon travail artistique, mes chorégraphies et ma compagnie. J’aime collaborer et partager avec d’autres artistes, que ce soient des plasticiens, des comédiens, ou d’autres créateurs. Le processus de création est primordial pour moi, autant que le résultat final. Travailler avec d’autres personnes m’incite à repousser mes limites et j’aime les défis. Au cœur de mon travail réside la notion des traces laissées dans nos corps. Mes premiers pas dans la danse classique étaient empreints de féérie, c’était une échappatoire à la réalité. Mais lorsque j’ai trouvé mon propre langage, ma propre expression, je me suis confrontée à la réalité. Naturellement, cela devenait politique. J’ai également créé des spectacles sans questionnement politique apparent, me concentrant plutôt sur les sensations immédiates sur scène. Pourtant, avec des corps différents, comme par exemple un danseur du Congo, plus jeune que moi, alors que je suis métisse et plus âgée, la dimension politique émergeait aux yeux des spectateurs. Nous regardons un spectacle avec notre propre histoire et j’essaie de pousser le public à se confronter à des réalités imposées. Autre exemple, dans une pièce créée pendant l’apartheid, je distribuais des tickets aux spectateurs qui leur attribuaient un rôle au hasard, blanc ou noir, et selon ce rôle, ils étaient dirigés vers un endroit ou un autre de la salle. Cela les confrontait à la réalité de l’apartheid…

Comment as-tu rencontré Mozaïc ?
En Afrique du Sud, j’étais responsable de toute l’administration de ma compagnie. En arrivant en France, la barrière de la langue rendait les choses plus compliquées. J’ai rencontré Romain Bertet dont la compagnie est basée à Toulon et je lui ai expliqué que je cherchais de l’aide pour la comptabilité et la gestion des salaires. Il m’a recommandé Mozaïc et depuis, ils m’ont aidée dans de nombreuses démarches administratives, notamment pour les demandes de subventions. Shanga est un pilier essentiel dans nos relations et nos conseils mais toute l’équipe, élise par exemple, est efficace et disponible, et surtout vraiment sympathique.

Quel projet vas-tu présenter pendant le festival ?
Nous présenterons « Qui est-ce ? #1 Fragments » la première partie d’un projet en création cette année. J’ai créé « Who is this ? Beneath my skin » en 2010 et j’ai souhaité le retravailler plus de dix ans plus tard, alors que ma situation a évolué. C’est un spectacle que j’avais déjà travaillé en résidence à Châteauvallon en 2011, ce qui rend cette représentation spéciale. La pièce sera différente de l’originale. Pour cette première partie, je travaille avec Benoit Bottex qui réalisera la musique au plateau. Chloé Henneman en tant que danseuse sera dans la deuxième partie, et Sylvain Lepoivre en tant que danseur dans la troisième. Avec Benoit, nous sommes au début du processus de création et ça se passe bien. Nous improvisons beaucoup, je réagis à la musique et lui réagit à mon corps pour trouver des sons et des rythmes. Je partagerai avec le public, des fragments de ma vie et de mes expériences. C’est toujours génial de travailler avec de la musique live mais encore mieux avec un musicien sensible et attentif au(x) corps qui l’entoure(nt).