La sportelle – Cathédrale sonore.

À l’origine, la sportelle est une médaille que les pèlerins reçoivent lors de leur passage à Rocamadour. L’ensemble dirigé par Laetitia Corcelle, basé sur le lieu de sanctuaire, a repris le nom. Elle répond à nos questions et nous présente le programme proposé cette année.

Vous revenez cette année au festival Sacrée Musique, qu’avez-vous retenu de l’édition de l’année dernière ?
Le moment fort reste la médiation que nous avons réalisée pour les enfants de la Maison d’enfants à caractère social La Valbourdine à Toulon, avec l’association des Apprentis d’Auteuil. C’était une belle aventure humaine dans la Maison puis les enfants sont venus assister au concert le soir. L’atmosphère magique, créée par l’éclairage à la bougie, a été mémorable tant pour le public que pour nous. L’accueil chaleureux du festival et du public a également été remarquable. Pour nous, l’art, la musique, le chant sont primordiaux. Nous avons reçu des commentaires forts qui démontrent la belle qualité d’écoute du public.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le programme que vous présenterez cette année ?
Nous présenterons le programme « Saintes Maries », qui explore deux figures mariales : Marie-Madeleine et la Vierge Marie, autour d’œuvres de Victoria. La musique de la Renaissance espagnole est fascinante, et bien que souvent perçue comme homogène au premier abord, elle révèle des subtilités et des recherches harmoniques extraordinaires après une écoute attentive. Xaver Bazoge, qui est la voix de basse de l’ensemble, est passionné par cette période et il décrit la musique de Victoria comme une cathédrale sonore qui élève les oreilles. Nous avons organisé ce programme en trois parties, reflétant une trame liturgique. La première met en lumière les premières vêpres de Sainte Marie-Madeleine, évoquant son histoire, le vase, le parfum et le fait qu’elle approche Jésus en toute humilité. Puis, nous interpréterons une messe à la Vierge en huit voix, avec deux quatuors qui se répondent. C’est un pur bonheur de chanter cette « Misa Salve Regina ». La troisième première partie reprend les deuxièmes vêpres à Sainte-Marie Madeleine, avec les grands psaumes mis en musique par Victoria, qui a d’ailleurs mis en musique tous les textes liturgiques. C’est une véritable mine d’or.

Vous avez exprimé le désir de rendre simples, accessibles et émouvantes les œuvres du répertoire choral classique. Comment réussissez-vous à remplir cet objectif ?
La première étape est de réduire la distance que peut créer la formule traditionnelle du concert classique, en privilégiant la proximité avec le public. Nous proposons ainsi des concerts spatialisés, en nous déplaçant pendant le concert, en cherchant à utiliser pleinement l’espace et à créer un contact sonore proche avec le public. L’objectif est de permettre aux gens de vivre une expérience musicale immersive et de sentir cette proximité des chanteurs. Cela rend le son palpable, avec une intimité sonore. Nous structurons également nos programmes de manière à accompagner l’écoute du public. Dans le programme des « Saintes Maries » la forme liturgique amène une sorte de simplicité, de grande accessibilité pour tous, chrétiens ou pas, connaisseurs ou novices. Cela prend tout son sens dans une église qui est, par nature, ouverte à tous. Nous essayons de trouver des angles d’approche qui résonnent pour tout le monde. La musique se déguste comme un bon vin, en explorant diverses sensations !
Fabrice Lo Piccolo

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