La Sportelle – Dix siècles de musique Sacrée

Hors-série Sacrée Musique 2022 #2  – Le samedi 26 novembre 2022

Depuis le Moyen Âge, les pèlerins affluent à Rocamadour et remportent après leur passage une médaille : la sportelle, qui voyage ainsi aux quatre coins du monde, emportant avec elle le rayonnement de la cité sainte. L’ensemble La Sportelle a la même vocation au niveau musical.

Laetitia Corcelle, vous êtes directrice musicale et chanteuse de La Sportelle, comment définiriez-vous votre ensemble ?
La Sportelle, c’est d’abord huit chanteurs en résidence au Festival de Rocamadour et aguerris à un répertoire de dix siècles de musique sacrée, du Moyen Âge à nos jours. On a des parcours assez différents les uns des autres. Moi, j’ai compris que j’étais vraiment faite pour ça en chantant aux obsèques d’une de mes amies, en ressentant à quel point le chant qui me traversait faisait du bien à ceux qui l’entendaient, à quel point la musique avait ce pouvoir de relier les gens entre eux, d’ouvrir les cœurs.

La musique sacrée a-t-elle vraiment ce pouvoir ?!
La musique sacrée peut avoir une image lointaine, inaccessible, austère, ennuyeuse… Prenez le qualificatif que vous voulez (rires) ! Nous voulons changer ce regard et désamorcer cette image élitiste que peut avoir la musique dite “savante”. Croire qu’il y a des morceaux de culture qui sont pour certains et pas pour d’autres est terriblement méprisant. Beaucoup de gens imaginent que ce n’est pas pour eux. En réalité, ce n’est pas pour eux, c’est à eux ! C’est le patrimoine de tout le monde. Après, on aime ou on n’aime pas mais au moins on y a eu accès. Il faut tester !

Comment vous y prenez-vous pour faire passer le message ?
Il s’agit déjà de construire une atmosphère conviviale, ce qui est plutôt inattendu avec la musique sacrée. Cela passe par une proximité physique. On “spatialise” nos concerts, c’est-à-dire qu’on ne reste pas dans notre bulle mais on occupe tout l’espace, on va au milieu du public… On cherche aussi à faire “sonner” le lieu, à faire vivre l’architecture pour que les gens ressentent qu’ils sont à l’intérieur de l’acoustique et non à l’extérieur. On essaie aussi de construire nos programmes de manière pédagogique. Écouter une polyphonie à huit voix est complexe. On y va donc progressivement : une voix ou deux pour commencer, puis quatre et ainsi de suite. Le public repère : “Tiens, celui-là chante comme ci ou celle-là chante comme ça”. C’est une dégustation : on goûte d’abord à chaque ingrédient séparément pour bien comprendre et apprécier ce que l’on mange une fois le plat dressé.

La magie opère-t-elle ?
Je le crois, oui. On le voit aux attitudes d’écoute profonde, aux yeux fermés, aux larmes qui coulent, aux regards qui pétillent, aux visages qui ressortent lumineux. On a besoin de beau et de sacré. Quels que soient les mots que l’on met dessus, la dimension spirituelle nous relie tous. C’est l’histoire de l’humanité.

Qu’allez-vous proposer au festival Sacrée Musique ! ?
Notre nouveau programme “Lux”, la lumière. En peinture, on voit bien ce que c’est que la lumière. Mais en musique ? Comment est-ce qu’on la sent ? On a essayé de bâtir cette sensation avec une progression dans les couleurs des voix, plus ou moins sombres ou lumineuses. Dans le fil global du concert, on va sentir intuitivement quand la lumière s’allume ou s’éteint, augmente ou diminue. Ce sera bien en phase avec l’expérience proposée par le festival Sacrée Musique ! J’aime mélanger les sens, les perceptions… La mise en lumière du lieu va entrer en symbiose avec la musique. Ce sera magique.

 

Lien vers le site de Sacrée Musique !

Regardez leur vidéo sur www.citedesartstv.net