(la)horde – Une danse politique et populaire.
« Roommates », les 10 et 11 juillet à Châteauvallon à Ollioules
Avec « Roommates », le collectif (LA)HORDE, à la tête du Ballet national de Marseille, propose une soirée unique où se croisenta six pièces vibrantes de liberté, d’énergie et de révolte. Arthur Harel, l’un des trois chorégraphes du groupe avec Marine Brutti et Jonathan Debrouwer, revient sur l’ADN du collectif et leur vision d’une danse politique et populaire.
Vous dites interroger la portée politique de la danse et les formes chorégraphiques du soulèvement. Comment définiriez-vous l’ADN de (LA)HORDE ?
Nous sommes un collectif, un trio d’artistes qui travaille ensemble depuis plus de quinze ans. Ce n’est pas une « signature » individuelle, c’est une démarche profondément collective. On compose à plusieurs voix, et avec des interprètes venus d’horizons très différents, aussi bien en termes de nationalité que de pratiques corporelles. L’un de nos premiers projets marquants a été To Da Bone (2017), avec des danseurs issus du jumpstyle, cette danse née sur Internet. Mais on a aussi collaboré avec des danseurs de danses traditionnelles géorgiennes… Depuis 2019, nous dirigeons le Ballet National de Marseille, avec vingt danseurs permanents. L’ADN de (LA)HORDE, c’est cette énergie plurielle, ce croisement permanent entre les mondes.
Parlez-nous de « Roommates », et du choix des six œuvres présentées à Châteauvallon.
Le titre dit tout : « Roommates », ce sont nos colocataires rêvés, les artistes qu’on admire, avec qui on partage des valeurs, une vision du corps, du mouvement, de la scène. C’est un programme volontairement hétérogène, qui rassemble différentes générations et esthétiques de la danse contemporaine. On a voulu offrir un large panorama de possibles, une forme de cohabitation artistique, libre et vivante.
Sur scène, on retrouvera les danseurs du Ballet national de Marseille mais aussi des jumpers. Que pouvez-vous nous dire sur eux ?
C’est un projet un peu exceptionnel. Habituellement, nous travaillons avec les danseurs permanents du Ballet, mais pour « Roommates » et Châteauvallon, on a voulu revenir à nos racines en invitant des interprètes de « To Da Bone ». Ce sont des autodidactes passionnés, certains exercent d’autres métiers, mais ils partagent tous cette culture du jumpstyle, née sur YouTube et les forums en ligne. Dans les années 2000, alors que les clubs fermaient, eux ont continué à danser chez eux, à apprendre via des tutoriels. Ce sont des danses très physiques, avec des petits sauts, des kicks, des enchaînements hyper dynamiques…
Pouvez- vous nous parler des choix musicaux de ces différentes pièces ? On retrouve notamment un extrait de « Room With a View », votre pièce phare mise en musique par Rone…
« Room With a View » est une pièce très importante pour nous. C’était notre première création en tant que directeurs, en 2020. Rone a composé une bande-son incroyable, la pièce tourne encore partout dans le monde, de Séoul à New York. Pour « Roommates », on présente un extrait de onze minutes, très marquant. Le reste du programme est tout aussi riche : musiques électroniques, techno, dancehall, compositions contemporaines…
Quel lien vous unit à Châteauvallon ?
C’est un lieu très spécial. On y a dansé « Room With a View » en plein air, c’était magique, presque irréel. Il y a aussi une histoire politique derrière ce théâtre, un engagement fort pour l’accès à la culture, l’inclusion, les droits. Ce sont des valeurs que l’on partage. C’est à la fois un lieu exigeant et populaire. Pour nous, c’est bien plus qu’un lieu de diffusion : c’est un vrai partenaire de création.