Laurence Néron-Bancel – Une galerie-résidence entre Hyères et le monde

Expositions d’été à LM Studio à Hyères

À Hyères, LM Studio n’est pas une galerie comme les autres. Fondé par Laurence Néron-Bancel, ce lieu atypique mêle expositions, résidences d’artistes et ouverture internationale, le tout à deux pas du cœur piéton de la ville. Rencontre avec une curatrice passionnée, entre choix artistiques assumés et horizons globaux.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de LM Studio ?
C’est d’abord le fait d’être à la fois une galerie au rez-de chaussée ainsi qu’un lieu de résidence à l’étage, ce qui reste unique à Hyères. L’artiste dispose d’un véritable espace de travail au premier et plus haut, il y a un lieu de vie conçu pour qu’il puisse s’immerger totalement dans son processus. Ce n’est pas juste une « résidence » au sens classique ; je souhaite que l’artiste s’y sente vraiment chez lui. Je ne suis pas présente en permanence, donc il doit être autonome. Je prépare beaucoup en amont pour que la résidence se déroule bien. Ce n’est pas seulement une question de ventes — ce n’est pas le seul but — mais d’inspiration, de travail, de temps donné. C’est une forme d’engagement partagé.

Comment choisis-tu les artistes ?
Je me définis plus comme curatrice que galeriste. Je sélectionne les artistes, avec une logique de bouche-à-oreille mais aussi de réseau. Je suis aussi très attachée à l’idée d’indépendance : les artistes sont libres, c’est leur exposition, leurs choix. Je vis en partie à New York et j’ai beaucoup voyagé, donc le lien international est naturel. Des artistes viennent du Canada, d’Autriche, des États-Unis… J’essaie aussi d’être en phase avec ce qui se passe à Hyères, LM Studio est un petit espace mais bénéficie d’une excellente visibilité: il est situé sur l’une des rues piétonnes les plus passantes de la ville. Au départ, j’ai bénéficié de mon passé de collectionneuse, de ma longue expérience dans l’art contemporain notamment en étant guide au Whitney à New York et de mes rencontres lors de foires, de visites de studios comme celui de Charlélie Couture. Les artistes sont souvent recommandés par d’autres professionnels, et de plus en plus me contactent directement. Aujourd’hui, je reçois de nombreuses candidatures du monde entier grâce au formulaire d’application sur le site internet. Mais il y a un critère non négociable : la qualité du contact humain.

Tu disais que LM Studio a bientôt dix ans ?
Oui, et on a tenu bon, même pendant le Covid. On a su faire des alliances fortes. Par exemple, Mona Cara a exposé ici avec sa mère, Sandra Mauro, artiste et professeure à Hyères. Elle a depuis été sélectionnée pour la Biennale de Lyon. Ruben Marroquin, venu en résidence en Octobre dernier a été exposé à Brooklyn par une très grande galerie new-yorkaise. Et puis il y a eu Ruby Silvious, la première artiste accueillie en résidence, qui a depuis publié un livre, ou l’expo inaugurale par Klaus Meister. LM Studio est un lieu qui accompagne, sans enfermer, comme un incubateur.

Quel est le programme de l’été 2025 ?
Je suis heureuse d’avoir du temps pour développer des projets en partenariat. Depuis la pandémie, je collabore avec l’ENSAD de Limoges : tous les deux ans, j’invite des diplômés à exposer, avec le soutien curatorial de l’école. Nous aurons aussi des artistes canadiens ou Azul, née en Argentine et vivant à Brooklyn, qui exposera en juin. Puis Bettina Schleier et Cocoart du 1er au 26 juillet, deux artistes proches artistiquement, partageront une exposition autour d’un thème commun : « nourrir l’âme par l’art ». Je développe aussi un axe design en écho à la Design Parade. J’invite un artiste originaire de Hyères qui travaille aujourd’hui à Paris dans le champ du design, Nicolas Goletto du 25 au 29 juin. Le programme est complet jusqu’en septembre.
Fabrice Lo Piccolo