Les éléments – Un souffle inspiré.

Chœur de chambre professionnel créé en 1997, Les Éléments excellent dans le répertoire a cappella de toutes les époques. Pour Sacrée Musique, ils nous invitent à une veillée d’hiver autour de musiques anciennes et contemporaines, où se mêlent pièces sacrées, profanes ou arrangements de chants traditionnels de Noël des provinces de France. Joël Suhubiette, chef de chœur, répond à quelques questions.

Pourquoi ce nom “Les Éléments“, pour le chœur que vous dirigez, est-ce dans le sens de pièces constituant un ensemble ?
On peut le prendre comme ça, mais cela évoque surtout pour moi la terre, l’eau, le feu, ces éléments-là, et surtout l’air, car la musique vocale me paraissait venir du souffle, humain évidemment, mais qui guide parfois vers un souffle spirituel ou poétique.

Le répertoire que vous interpréterez pour le festival Sacrée musique sera-t-il celui de votre disque “Sérénade d’hiver“ ?
Tout à fait. Le titre “Sérénade d’hiver“ convient parfaitement au programme. La sérénade est le chant du soir et l’hiver est la saison de Noël. Les chants sacrés de ce répertoire sont sur le thème de Noël et les airs profanes sur celui de l’hiver. Ce nom de “Sérénade d’hiver“ est emprunté à une pièce de Camille Saint-Saëns, dont le sujet est un groupe d’hommes bravant le froid pour chanter la sérénade sous les fenêtres de leur bien aimée, mais il y figure aussi des œuvres plus sombres comme “Un soir de neige“ de Poulenc, écrit pendant la guerre, et qui raconte la solitude du soldat, du résistant, dans les bois au moment de Noël. C’est un programme riche, qui ouvre différentes portes.

Vous commandez des œuvres à des compositeurs contemporains, pouvez-vous nous parler de cette démarche ?
Depuis la création de l’ensemble, qui a vingt-cinq ans, nous faisons des commandes à des compositeurs contemporains chaque année. J’ai été formé au conservatoire aux musiques anciennes, auxquelles je suis profondément attaché, qui datent du Moyen Âge jusqu’au début du 20e siècle, si l’on peut considérer une musique comme ancienne à partir du moment où le compositeur est mort. Mais j’ai toujours pensé que c’était un devoir de solliciter aussi nos contemporains, pour que demain il existe un nouveau répertoire de musiques anciennes, que des œuvres d’aujourd’hui entrent dans le catalogue ! Je dois admettre aussi que nous y avons pris goût car les rencontres avec les compositeurs sont passionnantes. Quand nous jouons du Mozart, du Bach ou du Brahms, nous ne pouvons pas savoir ce que voulaient les compositeurs, c’est abstrait, alors que quand nous travaillons une œuvre écrite pour nous, avec celui qui l’a composée, qui demande une couleur et nous dit ce qu’il a voulu exprimer, c’est extraordinaire. J’aime beaucoup mélanger dans les programmes des airs du passé, appartenant au patrimoine, et ajouter une ou deux œuvres contemporaines que le public ne serait pas forcément venu écouter, mais qui créent parfois d’heureuses surprises. La musique contemporaine est extrêmement diverse, avec des esthétiques très différentes.

Chanterez-vous certaines de ces créations contemporaines lors du festival Sacrée Musique ?
Oui, nous jouerons une œuvre de Patrick Burgan, nommée “Chants de neige“, une composition de Claire-Mélanie Sinnhuber sur un poème basque du 17e siècle, ainsi qu’un motet en latin écrit par le compositeur catalan Joan Magrané Figuera. Ce concert sera un mélange de musiques traditionnelles, anciennes et nouvelles, un programme festif qui célèbre l’hiver et Noël !

Weena Truscelli

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