Les sales majestés – La voix subversive du punk rock français.
Les Sales Majestés incarnent la résistance subversive du punk rock français, défiant la censure et militant pour la liberté d’expression. Cette entrevue avec Yves Cessinas, compositeur, chanteur et guitariste, révèle la vision unique du groupe, mettant en lumière leur refus de compromis dans un paysage en constante évolution.
Le groupe s‘est formé en 1981, vous aviez seize ans ans, c‘est bien ça ?
Oui, au départ c‘était un prétexte pour boire des bières et fumer entre potes. Peu à peu, on a commencé à répéter régulièrement, fait quelques concerts, puis un 45 tours en 1983-1984. Mais le vrai démarrage, c‘était en 1988, quand on a acheté un camion et qu‘on est partis sur la route pour faire des concerts partout en France.
Comment décririez-vous l‘évolution de votre musique et de vos paroles depuis les années 80 ?
Notre musique et nos paroles sont restées fidèles à nos convictions et à l‘esprit du punk. On n‘a rien changé pour s‘adapter ou devenir plus « mature ». Notre évolution, c‘est celle d‘un groupe qui continue à dénoncer les injustices et à défendre la liberté, sans compromis avec le système. On reste fidèles à nos idées et à notre style, en gardant cet esprit rebelle et contestataire qui nous définit depuis le début. Nos textes ont toujours été engagés et subversifs. Par exemple, nous nommons les personnes directement dans nos critiques. On ne se contente pas de dire que le fascisme ou le racisme c‘est mal, nous, on nomme les responsables.
Comment se passe le processus de création de vos chansons ?
J‘écris les textes et les musiques. D’ailleurs la musique est souvent dans le texte. Pour moi c’est très instinctif. Je peux écrire un texte en vingt minutes, puis prendre la guitare et créer la musique. Je ne fais pas de recherches comme certains artistes, je compose directement à partir de mes idées et de ce que je ressens, je compose avec sincérité et passion. Je viens des banlieues parisiennes et j‘ai toujours vécu dans des quartiers populaires. Tout ce que j‘écris, ce sont des choses que j‘ai vécues.
Vous avez une réputation pour vos performances lives énergiques. Qu‘est-ce que vous aimez le plus dans le fait de jouer en concert ?
Jouer en concert, c‘est avant tout s‘exprimer et partager avec le public. Les gens connaissent nos chansons, c‘est une vraie communion. Nous avons un public très fidèle et populaire. C‘est une expérience très intense et gratifiante, c’est incroyable. Nous avons une chanson qui s‘appelle « Camarade » qui résume bien notre esprit. Les voir tous là, ces parents qui nous suivent depuis des années et qui aujourd’hui viennent avec leurs gosses, ça nous touche vraiment. Ça veut dire qu‘on a réussi à transmettre quelque chose, à passer le flambeau. Et puis, on monte sur scène pour eux, c‘est donc toujours un moment fort. On sait qu‘on va les secouer, leur donner de l‘énergie, et voir leur réaction, c‘est juste magique.
Ce n’est pas la première fois que vous venez jouer au Festival de Néoules. Qu’est-ce que ça vous fait de revenir ?
On est déjà venus à Néoules il y a quelques années… et c‘était mémorable. L‘ambiance était électrique, typique de ces festivals où la musique rassemble tout le monde. C‘était vraiment spécial, donc on est ravi de revenir cette année pour ressentir à nouveau cette énergie unique. Sur scène, c‘est toujours un feu d‘artifice. À Néoules le public est survolté, prêt à vibrer avec nous, ce qui promet un show inoubliable. On remercie d’ailleurs les organisateurs du Festival de nous avoir invités à nouveau, car il est crucial pour nous de partager notre musique sans censure, dans un esprit de liberté et d‘authenticité.
Julie Louis Delage
2puikan ? 1981
Yssondou ?? La composition du groupe a beaucoup évolué en quarante ans, mais à l’origine, nous sommes tous des banlieusards des Hauts-de-Seine.
Sajoukoi ?! Du punk rock.
Mékicé ?! Yves Cessinas au chant et à la guitare, Julien Lemoine (AKA Juju Madcartoon) à la guitare, Jérôme Frulin à la basse et Martin Gautheron à la batterie.
Titehistoir’… Il y a eu tellement de moments forts, mais celui qui reste marquant pour moi, c’est l’épisode lié au pass sanitaire. On avait prévu un concert sauvage en Dordogne et je l’avais discrètement annoncé sur Facebook. Les flics nous ont repérés et nous ont appelés pour arrêter. Évidemment, on a refusé. Quand ils ont insisté, ça nous a agacés, alors on a bloqué leurs appels. Finalement, ils ont mis la pression sur l’organisateur, annulant le concert initial. Mais on a trouvé une solution à Sarlat : un barman anarchiste nous a accueillis et on a joué dans la rue, avec nos amplis et nos guitares. C’était un moment mémorable pour les Sales Majestés, illustrant notre engagement.