Loutcha Dassa, Les femmes au cœur du combat
Du 10.11 au 01.12 – 17e Edition « Portraits de Femmes » – Divers lieux
Pour la dix-septième édition de « Portraits de femmes », festival de cinéma à succès consacré aux femmes, Loutcha, suivant l’actualité, replace la femme au cœur des débats et combats sociaux. Une programmation pointue, pour étendre le domaine de la lutte…
Comment avez-vous créé ce festival ?
J’ai travaillé pendant douze ans à Châteauvallon, jusqu’à l’arrivée du Front National. Alors j’ai intégré la délégation des femmes à la Mairie de La Seyne, où j’ai créé « femmes et résistantes », « femmes écrivains »… Puis j’ai l’idée de créer « femmes et cinéma » : ça prend de l’ampleur, mais je pars à la retraite. Alors je décide de monter un festival indépendant, avec des subventions, notamment de la Mairie de La Seyne. Sont créés « Les chantiers du cinéma »,
en hommage à la Seyne, qui créeront « Portraits de femmes ». Le festival a débuté en 2002 à La Seyne puis s’est étendu à d’autres lieux : Six-Fours, le Royal à Toulon. J’ai proposé à Châteauvallon de faire l’ouverture du Festival et ils ont accepté. De même à l’ouverture du Liberté, ils ont souhaité avoir une date.
Parlez-nous du thème de cette année : « les unes, les autres ».
Je vais dans beaucoup de festivals de cinéma, surtout à Cannes, mais aussi Créteil, Paris. A partir de tout ce que j’ai vu dans l’année le thème nait de lui-même. L’année dernière c’était le souvenir. Cette année c’est vraiment le droit des femmes, actualité oblige. Et par extension quelques films qui parlent d’hommes, d’où les autres.
Vous ouvrez avec « Maria by Callas »…
Oui, et c’est déjà complet ! J’ai trouvé que ce film correspondait bien à la ligne artistique de Châteauvallon. La Callas c’est un film qui parle de Maria, qui est une femme ordinaire, qui a du mal à accepter d’être cette diva : la Callas.
Quelques coups de cœur ?
Au Six’n’étoiles, nous donnons « La Permission », film Iranien, en avant-première. C’est une équipe de footballeuses voilées, et l’ex-mari de la capitaine l’empêche d’aller à la Coupe d’Asie des Nations, elle va donc se battre pour ses droits… Au Liberté, nous avons « La douleur » à partir d’un livre de Duras, sur sa propre histoire. Les acteurs sont superbes : Mélanie Thierry, Benoit Magimel, Benjamin Biolay… « Sofia », également au Six’n’étoiles (cf notre chronique du numéro 13), l’histoire vraie d’une jeune femme dont la cousine, médecin, lui apprend qu’elle est enceinte, et qu’elle a fait un déni de grossesse. Mais en tant que femme célibataire au Maroc on lui refuse l’hôpital pour accoucher… « Capharnaum » au Comédia : prix du jury à Cannes, film libanais : un petit garçon de douze ans s’aperçoit que sa sœur de onze ans a ses règles et la cache pour qu’on ne la marie pas, mais la mère s’en aperçoit et le petit garçon va porter plainte contre ses parents pour lui avoir donné la vie. « Woman at war », un film islandais avec une mise en scène qui m’a scotchée, une femme qui déclare la guerre à l’industrie locale de l’aluminium. « La révolution silencieuse », autre histoire vraie : en RDA en 56, un groupe d’étudiants écoute en cachette une radio interdite. Ils s’aperçoivent que les hongrois sont en guerre contre l’armée soviétique et font une minute de silence en classe pour protester : cela va leur gâcher la vie… Ou « Break », une histoire de recherche du père sur fond de danse…
Donc une programmation très sociale…
Absolument, en bonne féministe que je suis. Il est important que le monde ouvre les yeux : voyez ce combat pour la contraception dans « L’une chante l’autre pas » d’Agnès Varda, le film a été tourné en 78, à Toulon !
Aujourd’hui cela régresse, de même pour les droits des homosexuels, c’est inacceptable.