Luc Benito – Félix et moi.

« 2021, Toulon célèbre Félix Mayol »

Pour qui vit à Toulon ou aux alentours, le nom de Mayol évoque forcément quelque chose, le stade de rugby, le centre commercial ou plus largement l’ensemble du quartier. Et si par curiosité on regarde bien à l’entrée du stade, on peut même voir son portrait. Pour autant, rares sont ceux qui peuvent parler de Félix Mayol, à l’exception des anciens, des historiens ou des amateurs du café-concert.
Plus personne ne sait qu’il a été la plus grande vedette de la chanson française au début du XXème siècle, qu’il a été un formidable découvreur de talents, et en premier lieu des artistes toulonnais comme Raimu, Tramel ou Andrée Turcy. Qui se rappelle qu’il fut l’un des plus grands bienfaiteurs de Toulon, sa ville natale, en offrant au RCT son stade et en accueillant dans le théâtre de verdure du Clos Mayol les plus grandes stars de la chanson des années 20 et 30 ?
Alors que la chanson a complètement oublié Mayol, le créateur de tant de succès, avec les commémorations « 2021 Toulon célèbre Félix Mayol », tous les toulonnais ont la chance, et sans doute, la fierté, de découvrir cette personnalité à la générosité légendaire, qui vouait un amour inconditionnel à sa ville.

CINEMA
Documentaire « Félix et moi »
Avant-première mardi 7 décembre à 19h30
Le Liberté, scène nationale de Toulon

Avant « 2021, Toulon célèbre Félix Mayol » il y eut tout d’abord un projet de documentaire de Luc Benito sur Félix Mayol après une découverte presque fortuite de la vie du chanteur toulonnais. Outre la volonté de sortir Mayol de l’oubli, Luc Benito est persuadé que cette personnalité hors-norme, qui nous a quittés il y a quatre-vingt ans, a des choses à nous dire sur notre société actuelle et peut encore inspirer chacun d’entre nous.

À quand remonte le projet de documentaire sur Félix Mayol ?
Il y a quelques années mon ami Olivier Julien, directeur artistique chez Frémeaux et associés, me demande de faire passer à la ville de Toulon un projet d’exposition sur Félix Mayol. Après maints atermoiements, je jette un coup d’œil au dossier, presque par hasard, et je découvre que Félix Mayol a été une immense vedette de la chanson au niveau national et même international au début du XXème siècle. Sachant que la chanson ne l’a jamais célébré et qu’à Toulon, seul le nom perdure, ma curiosité m’a poussé à lire ses mémoires. C’est à ce moment-là, que je découvre un parcours de vie particulièrement romanesque, sans doute aussi parce qu’il l’a en partie romancé. Et j’avoue avoir eu immédiatement envie de le partager ; comme au FiMé quand nous faisons découvrir aux spectateurs de superbes films qui leur sont totalement inconnus. Mais concernant Mayol, il y avait quelque chose en plus, comme une forme d’injustice à réparer pour avoir oublié quelqu’un de si généreux, ayant tant donné à son public, ses amis, sa famille et bien sûr aux Toulonnais. Et alors que je n’avais jamais rien réalisé auparavant, je me suis lancé dans cette aventure, car j’avais le sentiment de tenir un sujet intéressant, bien sûr, mais surtout, très inspirant.


J’ai cru comprendre que ce n’était pas uniquement un portrait de Félix Mayol ?
Effectivement, ce qui m’a touché dans son histoire, c’est que par bien des aspects, elle résonne étonnamment avec notre actualité. Il faut savoir qu’il a été victime d’homophobie, mais qu’il a aussi fait l’objet de railleries du fait de sa notoriété publique et qu’il a également interprété des chansons coloniales ; autant de sujets qui font toujours débat à l’heure actuelle et qui sont souvent abordés de façon clivante. Je crois que le film me donne aussi la possibilité d’aborder et de m’exprimer sur ces sujets. Par ailleurs, le documentaire s’intitule « Félix et moi », et se présente plus comme un road trip dans lequel je pars sur les traces de Félix Mayol, parcourant les lieux qui ont compté pour lui et rencontrant des historiens et autres spécialistes qui témoignent sur l’artiste qu’il a été et l’époque qu’il a vécue.

Bien que ce soit une autoproduction, tu as réussi à enrôler du beau monde dans le projet ?
Pour l’instant, c’est encore une autoproduction, mais je ne désespère pas de trouver des partenaires ou des co-producteurs. Mais c’est en effet une chance de pouvoir tourner avec de grands professionnels, c’est à la fois très formateur mais ça te met aussi une grosse pression. Plus que les noms d’ailleurs, c’était leur implication qui m’intéressait. En tant que Toulonnais, Charles Berling a adhéré tout de suite au projet et a accepté de prêter sa voix, puisqu’il va lire des extraits des Mémoires de Mayol. Pour interpréter toutes les autres voix, j’avais pensé à François Morel que j’ai rencontré peu de temps après au Théâtre Liberté pour son spectacle sur Raymond Devos. Il ne connaissait pas Mayol mais a été touché par la démarche, et puis c’est aussi un grand amoureux de la chanson française. Au-delà de ces deux noms, j’ai embarqué dans l’aventure d’autres personnalités, peu ou pas connues du grand public, mais dont je suis tout aussi fier.

Juillet 2021