Luc Coadou – Charlot, un ami de la famille

Charlot, Octave et Bobine, le 25 novembre au Café-théâtre de la Porte d’Italie à Toulon.

L’ensemble vocal Les Voix Animées est de retour… au pied de l’écran, pour un ciné-concert sur deux courts-métrages de Charlot. Luc, le directeur musical de l’ensemble nous détaille le spectacle.

Qu’est-ce qui fait le succès de Chaplin auprès du public et parle-nous des deux films choisis pour votre ciné-concert ?
Le public aime Chaplin parce que le personnage est simple et parle à tout le monde. Nous avons tous certainement une part d’âme de vagabond, et son comique, un comique de situation truffé de gags, touche petits et grands, tous peuvent rire, même si ce n’est pas toujours au même moment. Les enfants adorent les chutes et les coups de pied aux fesses, tandis que les adultes sont plus sensibles aux subtilités. Le succès de Chaplin réside aussi dans le personnage de Charlot. Déjà son nom, un diminutif affectueux de Charles, il fait presque partie de la famille. Le vagabond est un personnage que l’on aime bien, les spectateurs sont attirés par ceux qui osent, ceux qui sont un peu en bordure de la société. Quant aux deux films choisis, ils sont liés. Dans l’un, « Charlot s’évade » de prison. Il est poursuivi sans relâche mais trouve finalement la rédemption en sauvant une femme de la noyade et en trouvant l’amour. Cependant, à la fin, il est rattrapé et doit à nouveau fuir, ce qui le mène dans une ville où il décide de changer de vie… et de devenir policier dans le film suivant : « Charlot Policeman ». Il est affecté dans une rue mal nommée, Easy Street, qui n’est pas du tout paisible et où le frêle Charlot devra affronter le grand costaud, que l’on appelle Brutus. Derrière le comique, ses films abordent aussi des questions sociales, comme la pauvreté des gens ou la drogue. Cela n’est pas surprenant quand on sait qu’il a lui-même fui la misère en Angleterre, a vécu le rêve américain, puis a dû fuir de nouveau parce qu’on le soupçonnait d’être communiste.

Qu’est-ce que tu aimes dans cet exercice de ciné-concert ?
Tout d’abord, j’aime que ce soit vraiment un spectacle. C’est un défi musical et vocal de suivre ce petit personnage bondissant à travers les deux films. Il nous fait courir beaucoup, et on a l’impression de ne jamais s’arrêter pendant une heure. Pour bien connaître un film, il faut le voir et le revoir, comprendre tous les enchaînements, puis ajouter la musique. C’est un défi de faire correspondre la musique aux images et de trouver le tempo juste.

Peux-tu nous parler de la bande originale choisie pour accompagner le film ?
Nous avons demandé à Alexis Roy, un compositeur avec une vaste culture musicale, de nous créer ce que l’on appelle un « Cue Sheet » spécialement pour ce spectacle. C’est une série de thèmes musicaux préexistants, organisés en une suite ininterrompue, et c’est ce que les pianistes faisaient à l’époque du cinéma muet. On retrouve des thèmes classiques comme la « Chevauchée des Walkyries » ou « Le Vol du Bourdon » pour les scènes de poursuite, des clins d’œil à Chaplin lui-même, comme le thème des « Lumières de la Ville » ou de « Smile » qui sert d’introduction. Aussi quelques passages de thèmes célèbres, de « Ce matin, un lapin » aux Schtroumpfs en passant par la Panthère Rose ou Boris Vian, et bien entendu les grands compositeurs classiques : Bach, Mozart, Chopin, Beethoven, Bizet, Berlioz, Tchaïkovski et bien d’autres.

Vous avez donné ce spectacle pour le FiMé l’an dernier et cet été à Avignon, quel est l’accueil du public ?
Nous avons décidé de rejouer ce spectacle car certaines personnes n’avaient pas pu le voir au FiMé pour lequel nous avons malheureusement dû refuser des spectateurs. À Avignon, le spectacle s’est révélé être un véritable succès. Dans le foisonnement de propositions, la nôtre ne ressemblait à rien d’autre. Nous allions proposer le spectacle aux passants, notamment aux enfants, dans les rues d’Avignon, déguisés en Charlot et nous avons constaté que les parents amenaient leurs enfants. Le lieu, un ancien hôtel particulier avec une belle cour, a contribué à créer une atmosphère magique. Nous partagions l’endroit avec d’autres ensembles, membres comme nous de la Fevis. De plus, des programmateurs étaient présents, ce qui nous a permis de susciter leur intérêt, et nous avons déjà reçu des demandes pour des représentations futures.

Fabrice Lo Piccolo

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