Lucas Andrieu – Naissance d’un festival.
>>Festival de Théâtre de Solliès-Pont, à la salle des fêtes du 26 au 28 avril
Pour sa première édition, le Festival de Théâtre contemporain de Solliès-Pont présente au public cinq pièces couronnées de succès à Paris et au Festival d’Avignon. L’occasion de découvrir des créations originales, variées, attachantes, et de prendre date pour l’année prochaine.
Lucas Andrieu, vous êtes le fondateur du Festival de Théâtre de Solliès-Pont. Quand et comment est née cette idée ?
Il y a longtemps. C’était un rêve d’adolescent. J’ai toujours eu beaucoup de rêves et, depuis dix ans, mon objectif est de les réaliser. Je pensais depuis un certain temps à un festival de ce type, avec un prix du jury, un prix de la presse, un prix du public aussi parce qu’il est important que le public participe et donne son avis. Il y a de nombreux festivals de ce genre dans le cinéma, mais au théâtre c’est plus rare.
Pourquoi Solliès-Pont ?
Enfant, j’ai beaucoup fréquenté le Festival du Château. Pour moi, Solliès-Pont est une ville de festivals, qui soutient la culture. D’emblée la mairie a soutenu notre projet et nous a aidés à le mettre en place. Ils ont joué le jeu à 100 % et je les en remercie. Je trouve aussi que c’est bien de varier, de sortir de Toulon. Il y a un charme intimiste qui me plaît à Solliès-Pont.
Comment avez-vous élaboré votre programmation ?
Le mot d’ordre était de présenter des pièces qui ne tournent pas dans la région. Les pièces programmées à Solliès-Pont sont des pièces qu’on voit à Paris et au Festival d’Avignon. Certains producteurs ne souhaitent pas prendre le risque de faire tourner des pièces en province, de crainte qu’elles ne marchent pas. Il y avait donc cette envie de montrer d’autres spectacles que ce que les Varois ont l’habitude de voir, l’envie de donner à voir des pièces que j’aime et que j’aimerais que le public voie. Dans cette optique-là, l’idée était aussi de programmer plusieurs univers, de tester un festival où il n’y aurait pas qu’un seul style, où tout le monde pourrait se retrouver. Le public pourra se rendre compte de cette variété puisque la sélection comprend un spectacle musical, un conte familial pour le jeune public, un thriller, une pièce historique contemporaine et, pour conclure, un stand-up humoristique.
Vous êtes auteur et metteur en scène. Deux de vos propres pièces seront jouées. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce sont les deux pièces les plus jouées de la compagnie Ibikeur, dont je suis le directeur artistique. « Ce monde pourra-t-il changer un jour ? », qu’on joue à Avignon depuis 2021, est un seul-en-scène racontant la fuite du fascisme d’une immigrée italienne, à Besse puis à Toulon. J’ai écrit cette œuvre, inspirée par l’histoire vraie de mon arrière-grand-mère, pendant le confinement. La seconde pièce, « L’étrange affaire Émilie Artois », est une nouvelle version de celle qui a été jouée à Paris en 2019 et qu’on a dû arrêter à cause du Covid. On l’a remontée, l’an dernier à Avignon. C’est d’ailleurs la dernière fois, à Solliès-Pont, que j’y jouerai le rôle d’Alexandre Leclerc.
Pourquoi est-ce important pour vous de promouvoir le théâtre ?
Je ne vais pas dire que le théâtre est en danger, car je n’aime pas être pessimiste, mais enfin le théâtre n’est pas le plus moderne des médias. À l’heure des plateformes de streaming où les gens préfèrent rester chez eux, à une période aussi où économiquement ce n’est pas facile pour tout le monde, je pense qu’il est important de ne pas être égoïste, de se serrer les coudes. Le théâtre doit se réinventer, se moderniser, proposer des fêtes au public.
Dominique Ivaldi