Ludivine Sagnier – Agir par l’art.

Le Consentement – Les 3, 4, 5 et 8 octobre – Le Liberté, Toulon

« Janvier 2020. Le barrage a cédé. La parole est lâchée. L’ère #metoo a libéré les Françaises. ». Voilà les premiers mots de la note d’intention de Ludivine Sagnier à propos de l’adaptation, que lui a proposée son ami Sébastien Davis, de l’œuvre choc de Vanessa Springora : « Le Consentement ». Accompagnée au plateau par le batteur Pierre Belleville, qui jouera la musique composée par Dan Lévy, fondateur de The Dø, Ludivine donnera ce mois-ci la première du spectacle au Liberté. »

Qu’est-ce qui vous a intéressée dans cette proposition de Sébastien Davis ?
Je voulais faire quelque chose avec Sébastien. Après avoir conçu ensemble le projet de la section acteurs/actrices de l’école Kourtrajmé, on voulait se retrouver sur un projet à nous. Il a lu ce livre avant le confinement et m’en a tout de suite parlé. On a eu un coup de foudre car c’était en soi une œuvre artistique concrète, pas juste un fait divers. C’est une femme qui relate sa vie. Le roman interroge sur le consentement de la victime, mais aussi de la société responsable de ce genre d’abus, qui sont très fréquents. Vanessa a fait un geste artistique, elle a transformé sa souffrance en art. Nous avons souhaité l’adapter au théâtre car il y existe un rapport direct avec le spectateur, c’est une expérience collective et intime.

Qu’est-ce qui vous relie à Vanessa ?
J’ai eu la même démarche qu’elle en essayant également de créer un objet artistique en transformant son livre en objet théâtral. Par ailleurs, je suis forcément concernée par le phénomène, tout le monde connaît des victimes. Je voulais embrasser ce mouvement de libération de la parole des femmes.

Est-ce que l’art est la meilleure façon de faire bouger les lignes ?
C’est la meilleure façon pour moi, car je ne sais pas si j’en maîtrise d’autres, je ne suis pas journaliste… Je m’exprime à travers l’art, je mets mon énergie au service de textes écrits par d’autres. Je pense que nous avons tous une capacité d’engagement et que nous devons chacun trouver la forme la plus appropriée pour le faire.

Vous êtes seule actrice sur scène, comment vous-êtes-vous préparée ?
Je suis seule actrice mais accompagnée par Pierre Belleville à la batterie. C’est un exercice difficile, je n’ai jamais fait ça. Je n’ai joué que quelques fois dans des spectacles professionnels de théâtre, et là c’est un vrai défi. Il faut mémoriser tout le texte et porter l’énergie du spectacle juste sur mes épaules. Mais le travail et les répétitions permettent de m’y préparer. Également, et ce n’est pas anodin, Sébastien et moi sommes amis d’enfance, on a commencé les cours de théâtre ensemble, cela fait plus de trente ans que l’on se connait. Cette complicité permet d’affronter plus facilement toute la vulnérabilité qui découle de ce travail.

La musique, créée par Dan Levy et interprétée au plateau par Pierre Belleville est très importante, quel est son rôle ?
Il faut préciser que Dan est également un ami d’enfance, on se connait tous les trois depuis de longues années, bien avant que nos carrières aient commencé. Grâce à cette compréhension innée les uns des autres, il n’y a pas de temps d’adaptation, on sait où l’on veut en venir très vite. Dan a créé une musique très organique à partir des références que Seb lui a données. Ils parlent le même langage musical. On travaille de manière très instinctive mais aussi réfléchie, précise, sensible… Dan a un talent énorme, avec de l’acuité, de la sensibilité… Nous avons choisi la batterie pour accompagner car la vie de Vanessa est pour le moins chaotique. Ça illustre les soubresauts, les traumatismes, les secousses qui la remplissent, qui la traversent tout au long de sa vie. La batterie est la continuité des battements de son cœur, de son bouillonnement intérieur.

Pourquoi avoir fait le choix d’une première à Toulon ?
Je connais Charles Berling depuis une vingtaine d’années, je l’aime beaucoup. Il a toujours été extrêmement enthousiaste par rapport à mes choix. Ils nous avaient déjà reçus avec Christophe Honoré, pour « Nouveau Roman ». On a ce point commun de faire du cinéma et du théâtre avec le même enthousiasme, une minorité d’acteurs font les deux. Il a toujours été bienveillant avec moi, et a eu l’idée de nous accueillir.

Fabrice Lo Piccolo

 

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