Lune Apache, Back to 67

Moitié masculine du duo Boréal Wood, le revestois Anthony Herbin, a créé un projet Solo, au nom évocateur de Lune Apache. Avec sa musique Rock Psyché au carrefour d’Oasis, de MGMT et de Pink Floyd, et ses textes à la Daho, avec qui il est d’ailleurs en contact, il nous promet un concert flamboyant le 13 octobre à l’Oméga Live.

 Comment est né Lune Apache ?

Ce projet est né d’une envie profonde d’exprimer la musique que j’aime dans ma langue natale. Il fallait relever le défi que ça ne sonne pas niais. Dans ta langue, tu deviens auteur réellement, tu n’écris pas pour que ça sonne bien, mais il faut que tes textes aient du sens. J’ai moins de contraintes qu’au sein de Boréal Wood, le duo où j’étais auparavant (chez Toolong Records ndlr). Là je rejoins une esthétique musicale qui me plait, le rock psyché des années 60-70, repris plus tard par des groupes comme Oasis, The Verve ou Brian Jonestown Massacre. La première chanson que j’ai jouée à la guitare était un morceau d’Oasis. Au début de ce projet, j’ai recommencé à chanter et à jouer comme ça, avec une voix nasillarde à la Oasis, avec une douze cordes. Je me revoyais à 14-15 ans en train de recréer des chansons dans ma chambre reclus, ou dans le salon de mes parents. Je vis ce projet comme une forme de libération. Avec Boréal, nous voulions percer, intéresser des professionnels, faire une musique dans le vent. Alors que là pas du tout, c’est vraiment ce que je veux faire moi. Mes amis me disent maintenant qu’il y a un fort renouveau du Rock psyché, mais je n’en étais pas conscient. Je pense à des groupes comme Petit Fantôm, ou les Requins Chagrins, qui font des chansons avec beaucoup d’écho, d’effets. Le public revient vers des concerts plus vivants, avec plus de monde sur scène.

Comment ça se passe sur scène ?

Un peu comme Bowie, qui est allé chercher Brian Eno ou Nile Rodgers par exemple, je suis allé voir le musicien qui avait le son que je cherchais. J’ai pensé à Sébastien Poggioli d’El Botcho, pour la basse, qui était disponible. Je voulais un claviériste  à la Doors, ou à la Rick Wright des Pink Floyd, avec des gammes arabisantes, j’ai trouvé Jean-Baptiste Bec. Le tambourin, aussi, est primordial. De ce fait, je suis un peu le producteur du groupe, et en tant que tel j’ai envie de laisser les musiciens s’exprimer. J’ai créé entièrement le premier EP, mais à l’avenir chacun pourra plus s’impliquer. Sur scène, c’est donc un set complet à cinq musiciens, JB au clavier, David Bouhana à la Batterie, Séb à la basse, Charlie Maurin qui fera le tambourin.

 Quelles sont les prochaines étapes ?

J’ai commencé le projet en février, et en avril la Souterraine a inclus le premier morceau sur sa compil du moment. Ils ont contribué notamment au lancement d’artistes tels Barbagallo, Requin Chagrin, Malik Djoudi ou Maud Octallin.

L’Ep est sorti le 6 octobre chez PSCHENT Music (Alterka), Almost Music (La Souterraine). Nous le sortons en cassette, qui selon moi va redevenir en vogue, avec Toolong Records. Nous donnons un concert le 6 à l’Olympic Café à Paris, lieu commun de la Souterraine. 

Quels autres artistes vous ont-ils influencé ?

J’ai trois disques références : le premier The Piper at the gates of dawn (Pink Floyd ndlr), car Syd Barret évidemment, le second Sgt. Pepper’s lonely hearts club band (Beatles ndlr) qui, selon moi, commence avec Tomorrow never knows dernier morceau de Revolver, à tel point que nous en faisons une adaptation en français sur scène, et Their satanic majesties request des Stones. Fait étrange, ces trois albums là sortent en 67.  C’est cette vague musicale que j’écoute en continu.

Comment écrivez-vous vos textes ?

Dans les textes que j’écris j’essaie d’avoir une dimension figurative plus que narrative. J’écris souvent des phrases qui me touchent, je les laisse reposer puis j’en fais un patchwork. On est dans la sensation, mais j’essaie qu’il y ait une cohérence globale, les sonorités gravitent dans un sens commun. J’écris en général quand je me déplace, quand j’arrive à me déconnecter, c’est souvent en voyage, dans un train. J’ai créé mon champ lexical, ma propre base de données. Pour moi, c’est aussi important que les effets de ma pédale sur ma guitare. La finalité est pop rock et assez facile d’accès, mais la base est très expérimentale.

Pourquoi ce nom ?

Je m’intéresse beaucoup à l’astronomie, et aussi aux archétypes et aux rythmes primitifs. Ce qui me passionne par-dessus tout, c’est la spiritualité, ta place dans l’univers, les questions que tu te poses. On vit dans un système qui a 14 milliards d’années, notre terre en a 4, et dans 4 notre soleil s’éteint.

Il est intéressant de voir comment dans le magma actuel de réseaux sociaux, de télé, d’écrans, chacun peut ranimer la petite flamme, comment on peut vivre avec son environnement par exemple. Aujourd’hui de plus en plus de personnes s’éveillent aux questions écologiques. Selon moi, avant de penser à aller coloniser d’autres planètes, il faudrait arriver à bosser ensemble.

Après le début du projet, par hasard, je me suis rappelé d’un dessin que j’avais fait quand j’étais gamin avec une fusée, je l’avais appelé Lune Apache. J’ai su que ça devait être mon nom d’artiste. Quant au premier single, Nébuleuse, il parle de nos choix de vie, de nos erreurs passées.  Est-ce qu’on les referait ? Je n’ai plus forcément envie de faire des chansons d’amour. J’aime les chemins de vie. Je me questionne sur notre place dans l’univers, ce qu’on va laisser derrière nous. Aujourd’hui nous écoutons tous des gens qui sont morts. A leur époque, c’était une libération générale, un moyen de dire aux autres qu’il y a une autre réalité qui existe que celle de votre consommation quotidienne, une réalité onirique. Ce sont toujours des questions qui nous préoccupent. Le retour au psychédélisme est sûrement dû à cela. Nous voulons faire rêver les gens, qu’ils se posent des questions, les faire voyager. Plus le chemin est long plus l’arrivée est belle. C’est mon message pour les personnes qui vivent des moments difficiles.

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