Maï Lucas – Une jeunesse éternelle pour la Villa Magdala.

« Solitude » – Jusqu’au 13 novembre
à la Villa Magdala à Hyères

 

Pour sa seconde exposition, la Villa Magdala a choisi de présenter Maï Lucas, une artiste parisienne dont les photographies cultes de l’émergence du Hip Hop en France ont impulsé un travail de fond sur la création d’identités collectives des jeunes à travers le monde, une exposition intitulée « Solitudes. ».

 

Comment est née l’idée de faire cette exposition à la Villa Magdala ?
La directrice et propriétaire du lieu, Marie-Magdeleine Lessana, et moi sommes amies de longue date. Lorsqu’elle a décidé d’ouvrir son lieu d’art privé à Hyères, elle a eu l’idée d’exposer mon travail et il m’a semblé évident que ce lieu serait l’écrin parfait pour accueillir mes photographies sur la jeunesse multiculturelle.

En plus de l’exposition à l’intérieur de la villa, pourquoi avoir créé un parcours extérieur ?
Marie-Magdeleine avait vu ma série « Hip Hop don’t stop 1986-1996 » à la Tour Saint Jacques à Paris dans l’espace public. Ces grands dibonds en ligne semblaient défiler comme les wagons d’un train le long de la rue. L’idée de transporter l’énergie urbaine du Hip-hop jusqu’au sublime parc de la villa Magdala contribuait à sortir ce mouvement de son berceau et constituait un challenge innovant. Une fois le montage fini, en l’espace d’une nuit, une alliance était faite, tous mes clichés avaient pris très naturellement place dans cette somptueuse villa anglaise, me remerciant de leur avoir trouvé un espace de respiration.

Dans l’exposition, il y a cette série sur le Hip Hop en France, mais aussi d’autres séries…
Quand j’étais jeune, je faisais partie du mouvement Hip Hop naissant. En tant que métisse franco-vietnamienne, ce mouvement correspondait à ma recherche identitaire. Tous mes amis autour de moi avaient un de leurs parents avec des origines différentes mais nous étions tous français, nous cherchions à nous intégrer dans la société par l’art, la danse, la musique, le body langage, l’attitude, le style. La culture afro-américaine s’était ré-appropriée son image et elle nous attirait par son énergie et son côté joyeux. « Peace, unity and having fun  » était le slogan de cette culture. Après avoir documenté et travaillé pour ce nouveau mouvement en tant que photographe, il m’a paru naturel d’aller par la suite photographier les jeunes new-yorkais issus de cette culture, ainsi que la nouvelle communauté Afro-punk. En Chine, j’ai aussi rencontré des jeunes en quête d’identités, des enfants uniques, qui rattrapaient des années de modes interdites avec un passé où leurs grands parents portaient tous le costume Mao.

Comment s’est intégrée cette exposition au programme du 37ème Festival International de Mode, de Photographie et d’Accessoires – Hyères ?
La Villa Magdala a réalisé un partenariat avec la Villa Noailles, Marie-Madeleine savait que mon travail s’intégrerait parfaitement avec la démarche du festival de la mode et Jean-Pierre Blanc a tout de suite était emballé. Nous nous connaissions depuis très longtemps car j’ai aussi été photographe de mode. C’était une bonne occasion pour collaborer ensemble.

La première exposition de la Villa Magdala proposait la vente des œuvres, est-ce le cas pour cette exposition ?
Oui, c’est important de rappeler que les œuvres sont à vendre. C’est le seul moyen pour les artistes de vivre et de produire de nouvelles séries. Tout ce qui est exposé est à vendre. Nous avons produit des petits tirages Hip-Hop à l’occasion où l’on peut voir, entre autres, Joey Starr jeune taguant une devanture bien avant qu’il ne soit connu. Les tirages sont en édition limitée, ce sont des images historiques très rares.

Maureen Gontier

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