Manu Digital – L’amour du reggae dub.

Festival de Néoules du 20 au 22 juillet

Manu Digital s’est fait connaître par les vidéos de ses Digital Kingston Sessions, qui réunissent des millions de vue sur YouTube et où armé de son clavier il joue en compagnie de légendes du reggae. Il a été bassiste pour différents groupes, puis s’est dirigé vers la composition et les machines.

Tu as joué en tant que bassiste avec différents artistes, qu’est-ce qui t’a donné envie de te consacrer plutôt aux machines et au beatmaking ?
Mon frère, ingénieur du son, a ramené un jour un ordinateur à la maison pour faire de la musique, avec Protools. J’étais très jeune, c’était il y a presque vingt ans. J’ai alors commencé à trifouiller les machines et claviers. Je jouais de la basse dans des groupes et à côté je composais chez moi mais c’était difficile de faire quelque chose de bien à l’époque. Plus tard, j’ai commencé à me dire que les instrus étaient pas mal et à les faire écouter, et j’ai avancé sur ce côté-là.

Tu es réputé pour ta qualité de composition, tu as d’ailleurs composé pour de nombreux artistes internationaux, comment on écrit un bon morceau de reggae dub ?
Ah c’est pas facile (rires) ! Il n’y a pas vraiment de recette établie, on a chacun nos trucs. L’idée peut venir d’une ligne de basse, d’une mélodie, d’une séquence d’accords… L’important est de le faire pour le plaisir. Si tu apprécies ce que tu fais, les autres aimeront aussi.

Qu’est-ce qui a fait que tu t’es tourné plutôt vers le reggae/dub, et comment définirais-tu ta patte ?
J’ai commencé la basse à douze ans et au collège, un guitariste, Fabien Giroud, a monté un groupe de reggae, et j’ai postulé. C’est ce groupe-là qui m’a dirigé vers le reggae. Les membres ont d’ailleurs tous continué dans la musique, Fabien est aujourd’hui guitariste de Danakil. Quand je faisais de la basse, j’aimais le Reggae Roots des années 70, puis je me suis intéressé au Reggae Dub Digital et ne m’en suis plus détaché. Aujourd’hui, j’ai digéré cette version du reggae jamaïcain des années 80 et la retranscris avec ma vision européenne et mes influences.

Comment ont débuté Tes Digital Kingston Sessions et quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Je me suis procuré un clavier, le Casio MT 40, qui a révolutionné le son en Jamaïque en 85. Il a des rythmes reggae incorporés et tu peux faire la ligne de basse à la main gauche et les accords et la mélodie à la main droite. On trouvait ça tellement bien qu’avec des amis chanteurs, on est descendu dans la rue et on a filmé la première saison. Puis j’ai voulu retourner à la source, en Jamaïque. J’ai fait appel à un copain, Shere Khan, qui est réalisateur de clips, musicien et a un studio d’enregistrement à Kingston. En Jamaïque, tu peux facilement croiser les artistes dans la rue ou en Sound System. Je leur proposais mon concept et dès que je me commençais à jouer, on parlait le même langage artistique, ça devenait simple et intuitif. Je pense que c’est ce côté freestyle qui a fait le succès. Mon meilleur souvenir est la session dans les escaliers avec Junior Cat et d’autres chanteurs. Autour de moi, il y avait des artistes dont je ne connaissais pas le visage, mais quand il leur a passé le micro, j’ai reconnu tout de suite leurs voix, c’était magique de pouvoir mettre des visages sur des sons.

Comment va se passer le concert ?
Je serai accompagné par un MC français, Caporal Negus. C’est un performer sur scène, il chante très vite. Notre concert est beaucoup plus énergique que ce que l’on retrouve sur les vidéos, c’est du reggae dub très rapide et très électronique. J’arrive avec une scénographie, des lumières que j’ai fabriquées moi-même et que je contrôle avec mes claviers, c’est très visuel.

Festival de Néoules