Manu Li Wanxu, L’art du vide et de l’accoutumance

Exposition

Le Port des Créateurs

Place des Savonnières

Toulon

Du 9 septembre au 9 octobre

Né en 1984 en Chine, et travaillant à Marseille, Manu Li Wanxu est diplômé des beaux-arts en 2015. Après une résidence au Port des Créateurs, il y présente une exposition d’installations in situ et sensorielle.

 Pourquoi être parti de Chine pour étudier à Marseille et avoir voulu y rester ?

Je peignais déjà avant de venir en France. J’ai aussi  travaillé dans une galerie d’art à Pékin pendant cinq ans. Je vendais déjà mes peintures, mais sans faire d’exposition. Un jour, j’ai eu envie de voyager et de découvrir d’autres atmosphères. Faire des études était le meilleur moyen de pouvoir partir et m’intégrer en France. J’admirais le système d’éducation français, et, en 2011, j’ai été pris à l’école de Marseille. Après l’école, j’ai décidé de rester ici pour développer mes projets. 

 Ensuite, tu as été lauréat de la résidence Booster #5 du Port Des Créateurs en 2020, peux-tu nous expliquer le concept ?

D’abord, j’ai eu la grande chance d’être sélectionné, opportunité qui m’a permis de me recentrer sur ma pratique artistique après un moment de coupure. La résidence devait démarrer en octobre 2020, mais a été reportée par le confinement en mars et avril 2021. J’ai été rémunéré et logé deux mois dans le centre-ville de Toulon et j’ai disposé d’un budget de production. Malgré la situation sanitaire, j’ai pu faire des rencontres dont celle d’Isabelle Bourgeois de la Villa Tamaris qui est aujourd’hui la directrice du Jardin remarquable de Baudouvin à la Valette-du-Var et qui a été ma tutrice pour cette résidence.

 Qu’est-ce qui t’a inspiré pour cette exposition ?

À Toulon, j’ai été interpellé par la hauteur des bâtiments qui perturbe le regard humain sur la mer et découpe le ciel. À partir de cette problématique, j’ai commencé mes recherches ce qui m’a amené à me questionner sur la relation entre l’Arsenal et la ville. J’ai voulu révéler et souligner certains éléments architecturaux de la ville, comme un vocabulaire du territoire. Je m’intéresse au sujet de l’accoutumance des hommes à la qualité de leurs espaces de vie. Je déplace, j’oppose, je décale, je pose.

 Pourquoi avoir nommé ton exposition “Intervalle, Puits de Ciel” ?

Le titre réunit le nom de deux œuvres de l’exposition. Ce sont des projets alternatifs à celui de ma première idée : éclairer tous les puits de lumière coniques qui existent à Toulon en lumière rouge. “Puits de ciel” vient d’un mot chinois. Une forme architecturale qu’on retrouve dans les cours de maisons traditionnelles (Tulou土楼, Tianjing yuan天井院 et Siheyuan四合院 ). Cette idée est une façon de porter un certain regard sur l’urbanisme.

 Quelles autres œuvres présentes-tu ?

Le marc de café au sol vient d’une réflexion : « Qu’est-ce que je fabrique en tant qu’artiste quand je ne fais rien à la maison ? ». Cette matière se produisait toute seule, s’accumulait dans ma vie quotidienne. J’ai appliqué cette réflexion à cette résidence, transformant un temps passif, la prise d’un café, en un temps actif. En réalité, j’utilise cette matière aussi pour diriger les comportements et déplacements dans la salle d’exposition : l’installation tente de coloniser l’espace et en même temps, de faire circuler les corps des spectateurs de façon interactive. Chaque carré mesure ma taille et l’ensemble forme un damier.

http://leportdescreateurs.net/ 

Septembre 2021