Marie-Castille Mention-Schaar – La musique symphonique enfin à la portée de tous ?

Sortie le 25 Janvier 2023

À dix-sept ans, Zahia Ziouani et sa sœur jumelle Fettouma, d’origine algérienne et vivant en banlieue parisienne, désirent devenir respectivement cheffe d’orchestre et violoncelliste professionnelle. Élevées dans l’amour de la musique symphonique classique, elles rêvent de la rendre accessible à tous, sans distinction d’éducation ou de culture. Questions à la réalisatrice.

Vous traitez souvent d’histoires vraies dans vos films, comment avez-vous connu les soeurs Ziouani et leur réussite ?
« Divertimento » est mon septième film en tant que réalisatrice, mais c’est le premier que je ne produis pas. Ce sont les producteurs qui sont venus me voir avec cette idée de scénario, pensant que ce sujet me correspondait. Il y avait une première version du scénario écrite par Clara Bourreau, et c’est ainsi que j’ai découvert l’existence des soeurs Ziouani, leurs talents et leurs idées altruistes. J’ai donc suggéré de faire comme je fais toujours, c’est à dire pouvoir passer beaucoup de temps avec ceux qui vont inspirer l’histoire. J’ai demandé à Zahia et Fettouma si je pouvais m’immerger dans leur univers et elles ont accepté. J’avais besoin de rencontrer leur entourage, de les voir faire de la musique, de connaître leur parents, de les regarder vivre pour aller chercher des anecdotes, des ressentis. Puis j’ai ré-écrit le scénario.

Dans le film, le père de Zahia et Fettouma, lui-même passionné de musique, dit à ses filles : “ne laissez pas la vie choisir à votre place“, la confiance des parents est un bel atout ?
Leurs parents ont été un appui plein de bienveillance, ne cessant de les encourager. Et surtout, au départ, c’est leur père qui leur a fait découvrir la musique classique et symphonique. La question est également là, si on ne fait pas découvrir certaines choses aux enfants, c’est compliqué pour eux d’y accéder seuls.

Les actrices principales qui incarnent les soeurs Ziouani n’étaient pas musiciennes, elles ont dû travailler dur pour faire illusion ?
Lina El Arabi qui joue Fettouma avait fait du violon, mais a dû apprendre à manier un violoncelle de façon crédible en à peine trois mois et sa performance est époustouflante. Quant à Oulaya Amamra, qui joue Zahia, elle n’est pas musicienne, mais elle avait fait de la danse, donc la question du rythme ne lui était pas étrangère, il a quand même fallu assimiler beaucoup de choses en peu de temps… Elles étaient coachées et soutenues par Zahia et Fettouma qui ont été très présentes et indispensables pendant le tournage.

Si le sujet du film semble être la musique, beaucoup d’autres sujets sont abordés : les différences sociales, être une femme dans des métiers réservés aux hommes, que souhaitiez vous mettre en avant ?
Le sujet principal est qu’il ne faut jamais lâcher ses rêves, ses ambitions, quel que soit le milieu d’où l’on vient, malgré tout ce que les autres peuvent nous dire pour essayer de nous décourager. C’est ce que représentent Zahia et Fettouma, cette résilience, cette persévérance et leur histoire peut transmettre quelque chose au public. Si l’on a une idée ou un rêve, on peut s’inspirer de cette histoire vraie où les personnages ne lâchent pas et aboutissent. On peut se projeter, ça donne confiance.

Et la place des femmes dans ce monde de la direction d’orchestre ?
Les chiffres s’affichent à la fin du film ! Six pour cent de femmes cheffes d’orchestre dans le monde et quatre pour cent en France. Mais on est quand même passé d’orchestres symphoniques uniquement dirigés par des hommes à ce résultat. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, car certaines traditions restent profondément ancrées…

Weena Truscelli

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