MARIE-MAGDELEINE LESSANA – La deuxième vie de la Villa Magdala
Arts Plastiques
Villa Magdala, Hyères
Sur réservation du 3 juillet au 18 septembre
Exposition Richard Ballard, Entre Terres et Ciels
Au cœur de l’écrin de verdure de Costebelle, entre les murs teintés d’histoire de la Villa Magdala, l’auteure et psychanalyste Marie-Magdeleine Lessana nous invite à découvrir son nouveau lieu d’art et de culture privé hyérois.
Comment avez-vous découvert cet espace ?
Cette maison, je la connais depuis très longtemps. Le jardin était une sorte de partenaire d’enfance pour moi, une sorte de seconde peau. Mes parents y ont vieilli, ils en étaient très amoureux. C’est un espace qui, à lui tout seul, a une magie qui saisit les gens, une vibration poétique évidente qui donne envie de s’asseoir et de regarder les oliviers, les ombres et la lumière qui tournent.
Pourquoi en avoir fait un lieu d’art ?
Depuis toujours, je suis attirée par toutes sortes de disciplines artistiques. Dans mon métier de psychanalyste et dans celui d’écrivain d’essais et de romans, je m’intéresse à la potentialité de création artistique et poétique des gens. Je suis collectionneur dans des rapports de rencontres. Ça a été un vertige de se demander ce que les gens allaient faire de la villa et ma petite voix de cœur a parlé comme un mouvement réflexe. Avec mon fils et le soutien de mes proches, nous avons décidé de lui donner une deuxième vie. Mon souhait est d’être à l’écoute du lieu. J’avais rencontré Marie Théron au Salon du Livre et quand je me suis retrouvée devant cette maison laissée à l’abandon, elle m’a offert son aide, puis son frère Armand Théron m’a proposé de restaurer le bâtiment.
Comment avez-vous commencé à envisager la programmation ?
Dès le départ, j’avais envie que ce soit un lieu d’épanouissement : donner une chance à des initiatives qui me plaisent et auront une résonance collective. Je ne veux pas m’enfermer dans une programmation dominante et être épinglée d’avance. Je souhaite que la Villa s’intègre dans la vie locale : je tiens d’ailleurs aux rapports avec la Villa Noailles, Carmignac, la Banque, le Niel, Châteauvallon, se répondre et exister différemment… Mais c’est une signature personnelle ! J’ai déjà pas mal d’idées, mais je ne veux pas remplir d’agenda. J’imagine des événements artistiques : expositions d’art, rencontres littéraires, musiques, arts vivants, séminaires, en espérant une ouverture au public.
Pourquoi avoir choisi Richard Ballard comme premier artiste exposé ?
Au moment où cette réflexion a commencé, mon ami Richard Ballard est mort. J’en ai été très touchée, car nous étions proches et j’aimais beaucoup son travail. Je connaissais ses enfants, Jacques et Olivia, à qui j’ai proposé une première exposition à Paris qui a bien marché. J’ai aussi trouvé que c’était une belle idée de montrer ses œuvres sur les murs marqués par le temps de la Villa Magdala. Richard était hyper anglais, comme cette maison ! Ça faisait trente-cinq ans qu’il vivait à Paris, mais il préférait toujours parler anglais. Tandis que cette maison était un bastide agricole d’oliviers et de vignes refaite par des Anglais pour une villégiature d’hiver à la fin du XIXe siècle. De nombreuses œuvres de Richard appartiennent à des collections publiques et privées. Quand tu vis avec un tableau de Ballard, tu ne vois plus les arbres et les ciels de la même façon. La nature n’est plus un spectacle apaisant, mais l’apparition d’une présence, d’une altérité qui nous interroge.
Maureen Gontier