Marine Baousson – Sans peur, ou presque…

10.01  Fearless Théâtre Daudet – Six-Fours

Ce n’est pas sans peur qu’elle monte sur scène, et elle compte bien nous en faire part. Cette peur, elle va s’en servir pour vous faire rire, ou vous faire comprendre qu’avoir peur… ça peut faire peur ! C’est une peureuse qui essaye de ne plus l’être et c’est sur scène dans « Fearless » qu’elle le dévoile.

Fearless veut dire « sans peur », mais c’est loin d’être votre cas ! 

Le point de départ de ce spectacle est de faire une liste de mes peurs. J’ai peur de tout en réalité. Malgré tout, il faut quand même avancer dans la vie. J’ai donc décidé de m’intéresser de plus près à la peur, ce que ça définit et ce que ça crée chez les gens. Il y a ce désir en moi d’être sans peur car cela me freine, si je n’avais pas peur, j’aurais fait plus de choses, j’avancerais plus vite. Ce titre se réfère justement au fait de tout faire, en acceptant la peur que cela me cause.

Dans vos précédents spectacles, vous utilisiez beaucoup l’autodérision, est-ce le cas également dans celui-ci ?

Beaucoup moins. Cette autodérision a fini par être mauvaise pour moi, à la longue elle s’est transformée en dévalorisation. Ici, j’en fais, mais par sur tout. Je me moque d’autres choses. J’ai vu le spectacle « Nanette » de Hannah Gadsby, qui m’a bouleversée et fait comprendre se dévaloriser n’apporte que de souffrance. Mon but, c’est que les gens passent un bon moment, que ce soit fun et qu’ils rigolent. J’emprunte un autre chemin pour faire rire. Mais je galère ! Ce n’est pas simple de changer la façon dont on aborde les choses.

Qu’est-ce qui vous a poussée à parler de vos peurs et à les partager ?

C’est un chemin que j’ai fait, un développement personnel. A un moment de ma vie je cherchais des solutions à mes problèmes. Et évidemment on se pose cette question : quelles sont nos peurs et qu’est-ce qui nous limite ? C’était très présent dans ma vie, ça l’est toujours. Dans mes spectacles, je parle de moi, de ma vie et de ce qui peut m’arriver, c’est donc naturellement que j’aborde le sujet de mes peurs. Elles font partie de moi. Bien sûr, je joue un personnage, mais qui est très proche de moi en fin de compte. C’est un moi mis en scène. Ce qui m’arrive dans ma vie se retrouve sur scène.

Laissez-vous place à l’improvisation ?

Oui beaucoup. J’adore les spectacles créés dans l’improvisation. Parfois quand on improvise, on a une fulgurance. J’aime monter sur scène en ne sachant pas forcément tout ce que je vais faire, c’est très jouissif. Je présente des plateaux d’humour pour lesquels je ne prépare rien. Je monte sur scène et je tiens une demi-heure ! Je vois ce qui vient, et je crée. J’appelle ça l’instinct de survie de l’humour : je suis obligée de faire des blagues, sinon il ne se passe rien. Et cet instinct me permet de créer. Parfois je prends, parfois je laisse. Ce n’est pas toujours drôle, alors c’est simplement la galère qui fait rigoler les gens. J’aime interagir avec le public, quand je peux, cela rend un spectacle unique.