Compagnie Basinga – Entre Ciel et Terre

Dans le cadre de Quartiers en Liberté, organisé avec la Ville de Toulon, la scène nationale Châteauvallon-Liberté s’installe pendant trois semaines à Sainte-Musse avec une programmation artistique en plein air, gratuite et ouverte à toutes et tous ! Elle invite la Cie Basinga, pour qui le funambulisme va bien au-delà de l’exploit individuel. Marine, chargée de communication de la compagnie, nous raconte comment Tatiana-Mosio Bongonga et Jan Naets transforment chaque traversée en un acte collectif, alliant art, collaboration et dépassement de soi.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer la Compagnie Basinga et à choisir le funambulisme pour vous exprimer ?
Tatiana et Jan ont fondé leur compagnie il y a dix ans avec l’ambition de tracer des « chemins dans le ciel » et de réinventer le funambulisme comme un art collectif. Leur approche met en lumière l’importance de la collaboration, des rencontres et des échanges pour sublimer cette discipline. Chaque spectacle est le résultat d’un travail d’équipe associant techniciens, musiciens et habitants. Lors de projets de territoire, la compagnie s’implante dans un quartier, comme c’est le cas ici à Sainte-Musse à Toulon, grâce à l’invitation de la scène nationale Châteauvallon-Liberté, et propose aux habitants de participer à des ateliers de costumes, de création ou de musique, ancrant ainsi le spectacle dans l’identité locale. Ce processus collabo- ratif transforme chaque représentation en une expérience unique, où les habitants deviennent co-créateurs d’une œuvre enracinée dans leur territoire. À travers le funambulisme, la compagnie célèbre l’équilibre né du déséquilibre, le dépassement de soi et la confiance en mouvement.

Quelles émotions souhaitez-vous sus- citer avec « Traversée » et comment les créez-vous ?
Le spectacle Traversée évoque un voyage collectif où les habitants, costumés et incarnant divers personnages symboliques, traversent ensemble l’espace scénique. Ils accompagnent de jeunes funambules formés lors d’ateliers spécifiques, qui évoluent sur des fils à faible hauteur. Ces jeunes accueillent ensuite Tatiana lorsqu’elle entame sa propre traversée, établissant ainsi un lien symbolique et intergénérationnel. Le funambulisme, au cœur du spectacle, illustre la quête de l’équilibre dans le déséquilibre. La marche sur le fil symbolise un mouvement continu, une avancée nécessaire pour atteindre l’équilibre. Les ateliers funambules permettent d’aborder ces concepts de manière concrète, en aidant les participants à surmonter leurs peurs, comme celle du vide, et à renforcer leur confiance en eux. La compagnie met en avant une philosophie selon laquelle nos grandeurs reposent sur nos fragilités et notre capacité à conjuguer ces deux dimensions. Le public est invité à vivre cette expérience de dépassement collectif, en se reconnaissant dans les personnages et les parcours proposés.

Comment préparez-vous les funambules physiquement et mentalement pour ce type de performance ?
Les artistes de la compagnie, comme Tatiana, suivent une préparation physique et mentale rigoureuse, proche de celle d’athlètes de haut niveau, pour gérer la concentration et les défis liés au funambulisme. Ces principes sont aussi transmis lors des ateliers, où les participants travaillent à surmonter leurs peurs et à renforcer leur confiance. La compagnie valorise l’idée que se dépasser physiquement aide aussi mentalement. Tatiana s’engage pour la reconnaissance des circassiens comme athlètes d’élite, soulignant l’exigence de leur discipline.

Quels sont vos projets pour Basinga et votre vision de l’évolution du funambulisme ?
La compagnie propose trois spectacles phares : « Traversée », une performance collaborative impliquant les habitants, « Ligne Ouverte », où le public participe au montage des structures, et « Soka Tira Osoa », une expérience immersive et collective. Ces créations explorent l’interaction entre art, technique et communauté, notamment avec la participation active du public par exemple, en maintenant les câbles tendus lors des traversées. Alliant funambulisme, musique, et costumes, ces œuvres renforcent les liens sociaux tout en innovant dans cet art exigeant et poétique.

Emma Godest