Michel Kelemenis – Quand certains dansent, d’autres tuent.

29.11 & 30.11 – Chateauvallon scène Nationale.

 

Michel Kelemenis est danseur et chorégraphe. Il commence la danse à dix-sept ans et dès 1983, est interprète au sein du Centre Chorégraphique National de Montpellier auprès de Dominique Bagouet. Il écrit ses premières chorégraphies, dont « Aventure coloniale » avec Angelin Preljocaj en 1984. Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs en 1987, il fonde la même année Kelemenis & cie.

 

Vous avez découvert la danse à dix-sept ans pourquoi vous êtes-vous orienté vers le métier de chorégraphe ?

Très tôt dans ma carrière de danseur, j’ai commencé créer. Dès mon arrivée chez Dominique Bagouet à Montpellier en 1983, j’ai joué des coudes, je souhaitais en faire plus. En réalité, j’ai eu le sentiment que ce que j’expérimentais en tant que danseur n’était pas suffisant. J’ai alors fait une première tentative. Au-delà de ce que l’on sait ou que l’on a envie de faire en tant que danseur, la chorégraphie ouvre un autre espace. A partir de là je n’ai eu de cesse de créer de nouvelles chorégraphies.

 

Dans « Coup de Grâce », votre dernière création, de quelle grâce parlez-vous ?

C’est un titre en oxymore. La grâce est quelques chose d’éthéré, de lumineux, et le coup est l’inverse. Le point de départ de la pièce, c’est cette collusion de dates entre la création de mon spectacle « La Barbe Bleue » et les attentats de Paris au Bataclan. Je sortais du spectacle heureux avec les danseurs, et au fil de la soirée, nous avons tous appris ce qu’il s’était passé. Cela a provoqué un besoin de démêler cette confusion émotionnelle en abordant un nouveau spectacle. C’est autour du terme de grâce que j’ai trouvé une forme de lien. Autour de cette phrase qui fait sous-titre de ma pièce ‘’Quand certains dansent, d’autres tuent‘’. L’agression sur la société vient impacter notre souvenir de ce que l’on faisait à ce moment-là. Moi je dansais mais d’autres buvaient un café. L’instant s’est cristallisé. La grâce aussi, car je consacre ma vie à aider des danseurs à se révéler, à s’inventer à travers un rôle, à les voir se régénérer chaque jour au moment où ils retournent sur scène. Se réinventer, il y a de la grâce là-dedans et j’ai la chance de la côtoyer tous les jours. Dans le même temps, les terroristes font cette attaque le fond aussi pour atteindre la grâce, à côté de leur Dieu. Ce terme peut prendre des sens tellement opposés. C’est autour de cette idée-là que j’ai commencé à travailler.

 

Vous avez collaboré avec Angelos Liaros-Copola qu’apporte-t-il a vos chorégraphies ?

J’ai longtemps cherché ce que devrait être l’environnement musical de cette pièce. Je travaille avec de nombreux compositeurs de musique contemporaine, mais je savais que ce n’était pas de ce dialogue-là dont j’avais envie. J’ai cherché sur internet, avec des mots-clés : Electro, Black Metal, tension, pression, atmosphère, noirceur. Cela m’a amené vers la scène berlinoise de la électro, et par chance j’ai découvert Angelos Liaros-Copola. J’ai senti soudainement cette tension, cette épaisseur, sans anecdote autour. J’ai pris contact avec lui et à partir de là nous avons commencé à travailler, sous la forme d’un échange. Lors des premières répétitions j’ai diffusé des morceaux déjà existants d’Angelos. C’était une façon de rapprocher de son esprit musical. J’ai gardé presque tout ce qu’Angelos. Il a créé avec beaucoup de liberté, et d’inspiration et le résultat est effectivement très beau.