Minna Yu – Une enfance singulière.

Un palais au village

Dans ce conte autobiographique empreint de poésie douce, empli d’insouciance et de détails pittoresques, Minna Yu nous décrit son enfance dans un petit village isolé, allégorie du développement effréné de la Chine au crépuscule du XXe siècle.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter votre propre histoire ?
Je racontais souvent des anecdotes, des histoires de ma famille, de mon village. Cela faisait rire les gens. J’ai donc commencé à écrire des bouts d’histoires. Ceux à qui je racontais devenaient de plus en plus curieux, car ils ne connaissaient pas ces coutumes, celles de mon village qui s’appelle “Le trou du serpent” ! De plus, avec le temps, mes souvenirs s’effacent, en les illustrant ça me permet de les entretenir.

Pourquoi avoir choisi la forme d’une bande dessinée ?
Au départ, j’ai pensé raconter ma jeunesse sous forme d’un livre illustré, mais ça semblait trop long. J’aime beaucoup dessiner. J’avais ces images de ma maman, du village, de ma maison, j’avais envie de les retranscrire sur le papier.

Qu’est-ce qui est réel dans votre récit ?
Toute ma famille est réelle. Mais certaines personnes du village, comme le patron de mon papa, sont inventées. Toutes les grandes lignes de l’histoire se sont réellement déroulées. Mais j’ai ajouté certains éléments pour pouvoir structurer mon récit. En Chine, on m’a appris à raconter une histoire en quatre parties. J’ai voulu créer un scénario captivant, un peu stressant, pour pouvoir garder l’attention du lecteur.

Vous donnez une apparence simplifiée à vos illustrations, est-ce un choix délibéré ?
Côté paysages, c’est mon style d’illustration, depuis mes premiers croquis. En revanche, pour les personnages, j’ai voulu les représenter de façon plus caricaturale. J’aime apporter un signe distinctif à chacun d’entre eux. Par exemple la coupe au bol pour un de mes frères, pour moi la coupe au carré, la queue de cheval pour ma mère, pour que les plus jeunes lecteurs se familiarisent plus facilement avec eux et ne les confondent pas au fil de l’histoire.

Quel public avez-vous souhaité toucher ?
Je pensais que cela toucherait les mamans, car j’y raconte la relation mère-fille que j’ai pu vivre. Je pense aussi que les grand-mères peuvent se retrouver dans mon histoire. En Chine, en deux générations, l’avancée technologique a été très grande : les frigos, les téléphones… En France, ça s’est passé plutôt en trois générations. Ce qu’a vécu ma mère en Chine, ce sont les grands-mères françaises qui l’ont vécu. Ma maison d’édition est orientée jeunesse, mais il est vrai que les bibliothécaires se demandent où me classer, en jeunesse ou en adultes.

Quel message aviez-vous envie de faire passer à vos lecteurs ?
Pour l’instant, ce sont beaucoup de jeunes qui lisent mon livre, et aussi des Chinois qui vivent en France. J’ai voulu montrer les différences culturelles entre nos deux pays, comme tout ce qui touche au repas. Nous, nous mangeons sur une table longue, avec plusieurs plats, pas devant la télé avec chacun son bol… Nous sommes tous ensemble. Au Nouvel An chinois nous faisons la fête, la danse du dragon est très importante. Je voulais raconter la culture chinoise. Et aussi faire passer quelques messages aux mamans, du point de vue de l’enfant. Toutes les mamans ne savent pas forcément qu’un enfant très jeune peut déjà se rendre compte quand elles sont tristes.

 

Cavalier Blanc

 

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