N. Mejri, A. Pernès & S. Slimani – La scène nationale en itinérance.
>>Résidence à Tourves au mois de mai
Nathalie Mejri et Alice Pernès gèrent l’itinérance des spectacles à la scène nationale Châteauvallon-Liberté qui propose des représentations dans diverses communes du département. En mai, dans ce cadre, Stéphanie Slimani, de la compagnie La Divine Usine effectue une résidence à Tourves, à la rencontre des habitants pour créer un spectacle hors-du-commun et participatif.
Quelle est l’ambition des spectacles en itinérance dans le département ?
Nathalie & Alice : Le but principal est de favoriser la participation des habitants. Nous avons constaté que lors des tournées, les spectateurs ont besoin de plus qu’un simple spectacle. Ils ont besoin de créer un lien, de s’approprier l’événement. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer des résidences d’artistes et de mettre en valeur le patrimoine matériel et immatériel des différents lieux. Jouer des spectacles en itinérance est une demande de la DRAC au départ, qui souhaite que les scènes nationales aillent au plus près des habitants. Nous avons décidé de faire appel à des artistes de la région et de proposer ces spectacles afin de toucher un public que nous n’atteignons pas forcément dans nos structures habituelles, mais qui est très demandeur. De plus, nous souhaitons sensibiliser les mairies pour qu’elles encouragent les habitants à venir dans nos scènes nationales. Une dizaine de mairies leur mettent désormais des bus à disposition, et le public répond présent. L’itinérance nous permet de montrer notre savoir-faire et de sensibiliser les municipalités à l’importance d’amener les habitants vers le spectacle vivant. Nous faisons le choix de faire jouer des compagnies locales, c’est notre façon de soutenir ces compagnies et de favoriser la cohésion du territoire. C’est quelque chose que nous faisons déjà dans notre programmation habituelle, mais l’itinérance est le projet idéal pour renforcer ce soutien.
Comment trouvez-vous l’accueil du public ?
Nathalie & Alice : Lorsque les spectateurs entrent dans une salle des fêtes et découvrent qu’elle a été transformée en salle de spectacle, ils adhèrent rapidement aux spectacles proposés. De plus, nous constatons un réel soutien de la part des mairies, qui considèrent ces événements comme nécessaires pour les habitants du territoire. L’itinérance permet de créer du lien dans des lieux parfois assez isolés. Les habitants se retrouvent et participent à des moments de cohésion sociale, que ce soit lors des résidences artistiques ou lors de leur venue à Châteauvallon. Par exemple, lors du projet à Garéoult, les résidents ont rencontré des retraités de l’EHPAD du village qu’ils ne connaissaient pas. à Saint Martin de Pallières, nous avons organisé des lectures de Giono, et à la suite de cela, un groupe d’amateurs a souhaité continuer à proposer ces lectures dans les communes alentour. L’aspect artistique est un prétexte, mais un prétexte agréable, car nous proposons de très beaux spectacles réalisés par ces compagnies régionales talentueuses. L’itinérance permet également de faire connaître ces artistes aux municipalités, qui peuvent ensuite les contacter pour d’autres projets.
Stéphanie, quel sera le principe de cette résidence à Tourves ?
Stéphanie : La première édition s’est tenue en octobre à Garéoult, à la demande de Châteauvallon. L’idée est de proposer un projet participatif impliquant les habitants du territoire. Nous travaillons avec Guillaume Grisel, originaire de Marseille, et Killian Chapput, qui nous rejoindra plus tard dans le projet. Pendant deux semaines, nous posons nos valises sur le territoire afin d’explorer son architecture, son patrimoine et de rencontrer ses habitants, artistes ou non. À Garéoult, nous avons proposé une restitution à la fin du programme, sous forme d’un parcours artistique et poétique, suivi d’un pique-nique collectif. À Tourves, nous avons commencé par réaliser une veillée de contes pour rencontrer les habitants et présenter le projet. Nous souhaitons apporter un regard poétique et insolite sur une ville, en mélangeant fiction et réel, et nous avons le soutien des équipes municipales. Nous avons déjà repéré quelques anecdotes, comme la présence d’un ermite en haut du village, un cimetière abandonné, un obélisque… Cependant, nous nous interdisons de construire quoi que ce soit avant d’avoir pris le temps d’explorer le territoire et rencontré les habitants. La restitution aura lieu le 26 mai, mais nous ne savons pas encore où exactement. Les informations seront disponibles sur le site de la mairie et de Châteauvallon, ainsi que par voie d’affichage. Chaque soir, nous afficherons les avancées du projet. Je sais déjà que je vais intervenir dans une classe de CM1 et rencontrer des associations théâtrales et sportives. L’objectif de cette résidence est d’offrir un nouveau regard sur la ville et son village, en mettant en valeur les talents des habitants. L’essence de cette résidence se trouve dans la rencontre et dans les deux semaines que nous passons sur le territoire. Après Tourves, nous prévoyons une étape à Gonfaron. Notre compagnie aime travailler dans l’espace public et sur des projets insolites, et Guillaume de son côté est spécialiste de ce type de projets. Je trouve qu’ils offrent une autre image du théâtre et du spectacle vivant, le rendant plus accessible. Killian, lui interviendra pour la restitution, en ajoutant une touche de folie avec différents rôles pour accompagner le public.