NELSON GOERNER – Délicatesse et virtuosité.
>>Le 25 mai à la Maison du Cygne à Six-Fours-les-Plages
Dans le cadre de La Vague Classique à Six-Fours-les-Plages, le pianiste argentin de renommée internationale Nelson Goerner donne un concert alliant art baroque, romantisme allemand et école russe. Délicatesse, virtuosité et authenticité seront au rendez-vous à la Maison du Cygne.
Nelson Goerner, on vous présente comme un chambriste passionné. Vous vous produisez également avec les orchestres les plus prestigieux. Entre ces différents types d’expression, avez-vous une préférence ?
Il est difficile de choisir parce que, justement, dans la vie de musiciens, nous avons cette chance incroyable de pouvoir faire à la fois des concerts en solo, de la musique de chambre, et de jouer aussi des concertos avec des orchestres. Si j’étais obligé de faire un choix entre ces trois activités, alors je dirais que j’ai un léger penchant pour le récital en solo.
Qu’allez-vous présenter au public varois lors de votre concert du 25 mai ?
Les pièces qui constituent mon programme, bien qu’elles n’aient pas de lien évident entre elles, se complètent en ce sens qu’elles offrent énormément de contrastes. Je commence par la « Chaconne » de Haendel, très peu jouée de nos jours. C’est une pièce d’une grande richesse, qui a été une œuvre de prédilection de célèbres pianistes du passé, il y a de cela cinquante ou soixante ans. Ensuite, on trouve l’un des plus beaux cycles schumanniens, le « Davidbündlertänze ». Il s’agit d’un cycle de miniatures d’une richesse musicale impressionnante par la variété de ses climats. Cela exige, de la part de l’interprète, une capacité à passer, psychologiquement, d’un climat à un autre, sans transition. La seconde partie est composée d’œuvres où l’élément virtuose est plus important, comme c’est le cas dans les « Préludes » de Rachmaninov, et surtout dans « Islamey » de Balakirev. Il est difficile de choisir laquelle de ces pièces est la plus belle tant elles sont toutes magnifiques.
Qu’est-ce qui a guidé votre choix ?
Ce qui me guide, c’est ce que je désire jouer à un moment précis de ma vie. Au-delà de toute considération intellectuelle, c’est ça qui prime : cette nécessité intérieure. Dans une carrière, on répond à des sollicitations de répertoires. On veut vous entendre dans un concerto de Brahms, de Prokofiev. Souvent il y a des œuvres qui vous sont proposées, parce que les concerts de certains festivals s’articulent autour d’un thème. Ce n’est pas le cas pour le concert à la Maison du Cygne. J’ai composé librement mon programme. Il répond à cette nécessité que j’ai à présent de partager ces œuvres avec le public.
Qu’est-ce qui vous attire dans le fait de vous produire en solo à La Vague Classique ?
Je trouve qu’un récital de piano est quelque chose d’unique. C’est une expérience qui ne peut se comparer à aucune autre. Quand vous jouez avec un orchestre, si votre collaboration se passe bien, alors vous êtes porté par les musiciens. Il y a un dialogue qui s’instaure, semblable à celui que l’on trouve dans la musique de chambre, mais, disons, « agrandi ». Quand vous êtes seul sur scène, c’est très différent, parce que c’est vous qui générez tout. La musique parle à travers vous, et vous seul. De tous les exercices, celui-là est le plus redoutable. Vous pouvez jouer le concerto le plus difficile du répertoire, mais cela ne pourra pas se comparer au fait de donner un récital sur scène où, pendant plus d’une heure et demie, vous êtes seul. En quelque sorte, vous êtes le passeur unique. Il n’y a pas d’aide extérieure. C’est un défi de taille. Et j’aime ça !
Dominique Ivaldi