
Nicolas Lelièvre – Les sons décalés de Monsieur Hulot version FantômUs.
HORS-SÉRIE FiMé 2025
« Les Vacances de Monsieur Hulot », accompagné par la Compagnie des Amis de FantômUs, vendredi 31 octobre à 20h au Liberté à Toulon.
Pour l’ouverture du FiMé 2025, la Compagnie des Amis de FantômUs revisite « Les Vacances de Monsieur Hulot » dans un ciné-concert audacieux. Trois musiciens réinventent la bande-son de Jacques Tati, entre humour, bruitages et énergie rétro-futuriste, pour une expérience à la fois fidèle et totalement inédite.
Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
C’est une rencontre. La Compagnie des Amis de FantômUs existe depuis 2012 et s’est spécialisée dans la création de ciné-concerts. Depuis plusieurs années, nous étions en contact avec le directeur du FiMé, Luc Benito, qui avait déjà vu notre travail dans d’autres contextes. Nous échangions régulièrement, sans que cela aboutisse à une invitation. Cette fois, il a jugé que le moment était idéal pour ouvrir le festival avec l’un de nos projets, et c’est « Les Vacances de Monsieur Hulot » qui a été choisi.
Comment avez-vous conçu la musique pour ce film ?
Nous avons souhaité créer une bande-son originale. Le défi est particulier, car contrairement à un film muet où la musique occupe naturellement tout l’espace, Jacques Tati a accordé une importance énorme au travail sonore. Il ne s’agit donc pas de remplacer, mais de réinventer. Avec l’accord des ayants droit, nous avons pris le parti audacieux de reconstruire entièrement la bande-son. Nous avons glissé quelques clins d’œil au thème d’Alain Romans, mais surtout, nous avons intégré des fragments de dialogues et d’ambiances en les samplant, pour les transformer en motifs rythmiques et musicaux. Cela permet de rester fidèle à l’esprit du film tout en proposant une lecture inédite.
Comment définiriez-vous cette musique ?
Nous parlons parfois de musique “rétro-futuriste”. Elle s’appuie sur des traditions anciennes mais en les revisitant de manière contemporaine. On y entend de la surf-music, de l’exotica, du jazz, des textures électroniques, et bien sûr les bruitages que nous avons travaillés à partir du film. Tout cela s’entrelace de façon décomplexée, avec une virtuosité musicale assumée mais aussi une bonne dose d’humour, à l’image du personnage de Hulot. L’idée est que le spectateur se retrouve dans une bande-son vivante, inventive, qui dialogue constamment avec les images.
Comment se présente la formation sur scène ?
Nous sommes trois musiciens, chacun polyvalent. Evrard Moreau est à la guitare, mais aussi aux sons et ambiances qu’il manipule en direct. Simon Deslandes joue de la trompette, des claviers et des synthétiseurs. Quant à moi, je tiens la batterie, les percussions et l’électronique. Chacun a sa spécialité, mais tous passent d’un instrument à l’autre pour créer une matière sonore riche et changeante. Cette configuration permet de rester très proches des images, avec une grande liberté de jeu et une énergie collective qui correspond bien à l’univers de Tati.
Quel est le principal défi de cette création ?
Le plus difficile est d’être à la hauteur du film lui-même. Avec un muet, la musique a un rôle d’accompagnement évident. Ici, il fallait inventer une bande-son qui ne fasse pas doublon, mais qui ouvre un nouvel espace d’écoute. C’est un équilibre délicat : trouver une cohérence avec le travail de Tati, sans craindre d’apporter notre propre lecture. Le public nous montre que ce pari est réussi : le spectacle vit désormais sa propre vie sur scène, et nous avons hâte de le présenter pour la première fois au FiMé, devant un public passionné par les ciné-concerts.
Grégory Rapuc.