Nicolas Pagnol – L’œuvre de Marcel Pagnol est intemporelle
>> Festival du Film Documentaire du Var, du 7 janvier au 28 février dans le Var.
Parrain de la seconde édition du Festival du Film Documentaire du Var, organisé par Alix Ferraris et l’association Quattrocento, dont nous sommes partenaires, Nicolas Pagnol est écrivain et gestionnaire de l’œuvre de son grand-père, Marcel Pagnol. Il évoque son attachement à l’art du documentaire, l’actualité des œuvres de son grand-père, et l’importance de transmettre cet héritage littéraire et cinématographique.
Vous êtes le parrain du Festival du Film Documentaire du Var. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter la proposition d’Alix Ferraris et que pensez-vous de l’art du documentaire ?
J’ai accepté avec plaisir, car ce festival met Marcel Pagnol à l’honneur. Pour moi, « Les Trésors de Marcel Pagnol » est le meilleur documentaire réalisé sur mon grand-père. C’est aussi une belle occasion de découvrir « Île de Lumière », cette petite merveille sur la Corse qu’il a produite. Marcel avait un lien fort avec la Corse, notamment à travers son amitié avec Tino Rossi. Quant au documentaire, j’en regarde énormément. C’est un outil formidable : il nous informe, nous éclaire, et parfois nous transporte dans un univers de nostalgie. C’est une façon accessible et captivante de vulgariser des sujets complexes, d’ouvrir des fenêtres sur le monde.
Lors du festival, vous serez présent pour la projection de « Les trésors de Marcel Pagnol », documentaire auquel vous avez participé. Que montre-t-il ?
Ce film, réalisé par Fabien Béziat et raconté par Fabrice Lucchini, offre un portrait très intime de Marcel Pagnol, bien au-delà de l’image d’Épinal d’un Provençal attaché à ses collines. C’est un portrait qui surprendra, car il révèle les facettes méconnues et parfois plus sombres de l’homme. Nous travaillons aussi sur un projet ambitieux : un biopic d’animation réalisé par Sylvain Chomet. Il sortira l’an prochain et explorera la vie passionnante et hors norme de mon grand-père. Son parcours regorge de surprises, et je pense que le public découvrira un Marcel Pagnol bien différent de ce qu’il imagine.
Selon vous, pourquoi les œuvres de Marcel Pagnol restent-elles toujours d’actualité ?
Son œuvre est intemporelle parce qu’elle parle avant tout de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains. Les thèmes qu’il aborde – la famille, l’amitié, l’honneur, l’entraide, le respect de la nature – transcendent les époques et les cultures. Marcel avait une extraordinaire capacité à saisir la complexité de la nature humaine. Prenez « La Femme du boulanger » : au-delà de l’humour, c’est l’histoire poignante d’un homme trahi. « Marius » et « Fanny » ne sont pas de simples récits d’amour : ils parlent de sacrifices et de renoncements. Il avait aussi ce don de masquer la dureté de ses histoires avec une légèreté apparente. Dans « Manon des Sources » ou « Jean de Florette », il y a des drames profonds, mais toujours un souffle de vie et d’espoir. Ses personnages continuent à vivre et relèvent les défis, avec recul et humour.
Pouvez-vous nous parler de l’amour de Marcel Pagnol pour sa région natale ?
Marcel était un enfant de Provence. Il a grandi dans ces collines d’Aubagne et d’Allauch qui ont nourri son imagination et sa poésie. Nous venons d’ailleurs de publier ses poèmes d’enfance, véritables cris d’amour pour sa région et son pastoralisme. C’est surtout un auteur inscrit dans la latinité, il a d’ailleurs traduit des auteurs classiques comme Virgile.
Quelles sont vos œuvres préférées de Marcel Pagnol et pourquoi ?
Difficile de choisir ! Au cinéma, j’ai une admiration particulière pour « La Fille du puisatier », où il atteint un sommet de maturité cinématographique. « La Gloire de mon père » et « Le Château de ma mère » sont magnifiques. Mais son œuvre est vaste et multiple : théâtre, littérature, cinéma… Marcel a écrit et réalisé des chefs-d’œuvre majeurs : « Marius », « Fanny », « César », « Le Schpountz », « Jean de Florette », etc. Celle qui me touche le plus personnellement serait « Le Château de Ma Mère ».
Vous êtes le gestionnaire des œuvres de Marcel Pagnol. Quel bilan tirez-vous de cette année Pagnol qui célébrait les cinquante de sa mort en 2024 ?
C’est un bilan formidable ! Sans appui direct du ministère de la Culture, mais avec le soutien de la Région Sud et de l’Académie française, nous avons réussi à célébrer Marcel dans le monde entier, de Sydney au Chili, en passant par le Brésil. Nous avons organisé des concerts, comme celui de l’orchestre philharmonique de Cannes à Aubagne, et ressorti ses films au cinéma. Tous ces événements ont été des succès. Marcel Pagnol reste profondément ancré dans l’imaginaire collectif des Français.
Fabrice Lo Piccolo