Olivier Ciccoli – Les vacances de M. Mayol à Toulon

Cinéma

Film inédit projeté
lors de l’exposition
À partir du vendredi 2 juillet
Galerie des Musées – Toulon

Olivier Ciccoli édite la revue « Chansonia », dédiée au café-concert, dont Mayol est l’un des plus illustres représentants. Lors d’une vente aux enchères, il a réussi à se procurer de mystérieuses bobines provenant dela vente du fonds Mayol, et a eu le plaisir de découvrir un film inédit sur les vacances de Félix Mayol, que nous présenterons au public prochainement.

Comment avez-vous commencé à vous intéresser au café-concert et décidé d’en devenir spécialiste ?
C’est grâce à ma grand-mère, qui se passionnait pour cela. Elle m’en a transmis le goût dans les années 75/80. Je ne pourrais pas expliquer exactement pourquoi cela me plaît tant. La manière qu’avaient ces artistes d’interpréter les chansons me parle. C’est une époque révolue, avec sa propre sensibilité artistique dont il reste peu de traces aujourd’hui. Je collectionne surtout les soixante-dix-huit tours, des disques analogiques anciens, assez fragiles, dont chaque face ne comporte qu’une chanson. Je pense en avoir entre sept et huit mille… J’ai un phonographe, pour faire joli [rire] mais on peut tout à fait les lire sur des platines classiques. J’ai aussi rassemblé de la documentation, des partitions, des photos, etc.

Qu’est-ce qui vous plaît chez Félix Mayol ?
De 1895 à 1914, parmi tous les artistes du café-concert, il y avait ceux que l’on a appelé les quatre grands : Polin, Dranem, Fragson et bien sûr Mayol. Ce sont ceux qui ont le plus œuvré pour donner ses lettres de noblesse au café-concert. C’étaient les têtes d’affiche de ce répertoire. Quant à Mayol, j’admire son talent, mais aussi l’homme qu’il était. Il a été important dans le monde du spectacle mais a également beaucoup compté pour sa ville, Toulon. C’est quelqu’un qui n’a jamais oublié d’où il venait, sa ville ou son milieu social, car il était d’extraction très modeste : son père était canonnier dans la marine, et sa mère couturière. De plus, ils sont morts très jeunes.

Qu’est-ce que l’on trouve sur ces fameuses bobines « Les vacances de Monsieur Mayol à Toulon » ?
J’ai eu la chance de visiter le clos Mayol, véritable musée de la chanson, constitué par les soins du chanteur lui-même ! Malheureusement ses héritiers n’ont pas pris la mesure de l’intérêt de cette collection pour la municipalité de Toulon. La totalité du journal intime que tenait Mayol a même été détruit par sa nièce, Fernande Boyer. À la mort d’André Faure-Mayol, fils de Fernande Boyer, en 2005, et après un feuilleton judiciaire rocambolesque, cette collection a été intégralement vendue aux enchères en salle de ventes. La Mairie de Toulon s’est portée acquéreuse d’un nombre important de lots. J’ai réussi à me procurer les bobines de 35 mm sur un célèbre site de vente aux enchères en ligne. J’ai dû batailler mais j’ai fini par les avoir ! [rire] J’en connais le contenu, que j’ai décrit dans ma revue « Chansonia », bulletin N°50. J’ai vu le déroulé image par image, mais j’ai hâte de voir le film animé que Luc Benito va monter. Le travail que nous allons faire va intégrer les différentes scènes et plans qui se trouvent dans les quatre bobines. Nous recréerons un générique, absent pour l’instant, qui permettra de situer le réalisateur, les personnages, les lieux, les dates, et même les navires prestigieux qui ont été filmés : le croiseur-cuirassé Ernest-Renan, le croiseur HMS Hood…

Juillet 2021