Olivier Nakache et Éric Tolédano – Aborder des sujets délicats par le rire.

>> « Une année difficile », en salles le 18 octobre 2023

Pio Marmaï et Jonathan Cohen incarnent Albert et Bruno, tous deux poussés à la dérive par les pièges du surendettement. Ils croisent par hasard de jeunes combattants écologistes et vont rallier leur cause, mais peut-être pas pour les bonnes raisons ! Le duo de réalisateurs, rencontré au Pathé La Valette, explore une nouvelle fois, en funambules, la différence entre rire et se moquer.

Combat écologique, surendettement, pourquoi avoir choisi ces sujets pour votre film ?
Ces problèmes omniprésents nous percutent, nous questionnent. Pour écrire le scénario, nous avons rencontré des combattants écologistes, mais également des gens surendettés, qui vivent dans les sous sols de l’aéroport de Roissy par exemple, et pour qui le quotidien s’est transformé en survie, cela nous touche énormément. Mais, nous voulions aborder ces sujets graves comme dans une comédie italienne et créer des personnages flamboyants, marrants, des losers sympathiques au “malheur joyeux“ qui arrivent à se débrouiller dans les situations les plus complexes. Quand on écrit un scénario pour divertir et que l’on veut entendre des rires, on va chercher jusque dans les plus sombres recoins ce qui provoque les blagues.

Tout le monde ne va peut-être pas rire au même moment, vous n’épargnez personne !
Nous avions envie d’exposer l’opposition des visions des citoyens sur leur société, montrer les contrastes, comme au travers du fait qu’un appartement soit vide parce que l’huissier est passé, ou parce que l’on décide de vivre avec le minimum, de se désencombrer dans l’idée d’un acte écologique et responsable. Mais la posture que l’on prend quand on fait un film, est toujours celle du cinéma. Nous n’avons nullement la prétention d’enseigner ou d’expliquer aux gens la façon dont ils doivent penser ! Par contre, que ça gratte un peu et que l’on se pose des questions est un des buts du jeu !

Vous mettez souvent en scène des duos masculins, mais dans “Une année difficile“ il y a Pio Marmaï, Jonathan Cohen et Noémie Merlant?
C’est venu du fait que, en commençant à enquêter dans les associations écologistes pour travailler sur le film, nous avons rencontré beaucoup de “Cactus“, qui est le personnage que joue Noémie Merlant. Ça nous a vraiment inspiré et avons pensé que c’était l’occasion de casser ce système de duos que nous recréons de films en films, ce qui est facile pour nous, qui sommes déjà un duo ! Nous avons voulu fabriquer ce rôle de “Cactus“, et il nous fallait donc une actrice puissante, très dense et Noémie Merlant nous a tout de suite convaincus, c’est une grande actrice, qui inonde nos écrans.

La musique est aussi une actrice dans vos films ?
Pour la musique nous sommes très fortement connectés, nous en avons toujours beaucoup dans la tête au moment d’écrire ! Dans ce film il y a quand même une scène où, pendant une action écolo musclée devant la Banque de France, on entend le “Fric c’est chic“ des Sisters Sledge ! Nous sommes très funk dans l’ADN, parce que nous avons été ados dans les années 80, mais cette bande son est plus axée années 70 avec Jimmy Hendrix, David Bowie, etc.

Quelle est la place de la valse de Jacques Brel dans tout ça ?
Jacques Brel est présent, parce que c’est un grand poète belge adopté par les français, mais surtout parce que le sujet de la Valse à mille temps est le sujet du film, c’est à dire que l’on est au milieu d’un pont – comme les deux héros à la fin – et nous valsons entre les idées. D’un côté, pouvons-nous continuer à consommer et de l’autre, faudra-il vivre dans la sobriété ? On ne cesse de danser, et ceux qui sont entre deux générations ne savent parfois plus sur quel pied danser, c’est un peu ce que l’on a voulu raconter.

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