Olivier Rouard – Garder le lien avec le lecteur.

Notre partenaire littérature a continué à être actif pendant toute la durée du confinement, multipliant les initiatives pour accompagner ses lecteurs fidèles, et leur proposer de multiples façons de découvrir la littérature.

Comment la librairie s’est-elle adaptée à la crise ?

Ça a été un gros arrêt culturel. Nous avons fermé du 11 mars au 16 mai. Nous avons gardé un lien avec nos lecteurs bien sûr à travers différentes initiatives : « Les libraires confinés », « Les recettes de cuisine du Charle’s Café », « Revisitez votre bibliothèque ». Nous avons conservé un service de livraison, qui a été apprécié. Nous livrions nous-même, tout en préservant les gestes barrière. Au niveau de l’édition, ce fut un arrêt brutal, tout a été stoppé. Les nouveautés qui sortent d’habitude chaque semaine ont toutes été figées. Les sorties de mai et juin ont été repoussées pour la plupart, en essayant de conserver quelques best-sellers pour le retour de déconfinement, comme le livre de Joël Dicker, numéro un des ventes. Le réassort est très compliqué également, il y a entre quinze jours et trois semaines de retard de traitement des commandes. Nous avons travaillé sur l’accueil du public en respectant les gestes-barrière : on préconise le masque, on fournit le gel. Il a fallu aussi rassurer toutes nos équipes, ce fut un gros travail de management pour garder le lien, prendre de leurs nouvelles chaque semaine. Là, la chaine culturelle est réamorcée. C’est plutôt mieux que les prévisions annoncées : les clients étaient présents dès la reprise, nous avons fait une belle semaine. Nos clients sont fidèles. On a réouvert le Charle’s café, car ils ont besoin de retrouver du lien. Par contre, les rencontres avec les auteurs sont à l’arrêt. On s’adapte aux nouvelles conditions sanitaires, tout en essayant de refaire vivre la librairie. Les clients nous ont remercié d’avoir gardé le lien avec eux. Nous avons eu un retour positif sur les articles des réseaux sociaux, et également sur le maintien du service de livraison.

Quel retour avez-vous des auteurs ?

La crise va décaler les sorties, entre trois mois et un an. Un roman est le fruit du travail de plusieurs années. Le côté gestion de la carrière de l’auteur est compliqué. Il vit de ses livres, un décalage de sortie peut être grave. Il y a aussi toute la partie lien avec le public. Est-ce que cela va recommencer comme avant ? On essaie de réinventer de nouvelles formes, comme la visio, mais ce n’est pas pareil. Beaucoup d’événements ont été annulés.

Quels sont les soutiens à votre filière ?

Les dispositifs généraux mis en place ont été corrects. Les politiques ont assumé leur rôle de soutien à l’action culturelle. Dans notre filière en particulier, on attend avec impatience ce qui va être proposé. Pour l’instant, on nous a lancé une bouée de sauvetage, mais on ne traversera pas la Méditerranée avec. On ne peut pas encore mesurer l’impact économique, mais il va falloir trouver comment pérenniser nos entreprises et tout le secteur culturel.

Avez-vous remarqué des changements d’habitude ?

Je pense que ça va changer le comportement de beaucoup, notamment sur la valeur du circuit court, de la proximité. Il y a cette prise de conscience que l’on est vulnérable, qu’il faut respecter notre planète et nos concitoyens. Il faut consommer plus local, la course à la mondialisation a ses limites. Nous voyons de la créativité. On s’est rendu compte qu’il faut arrêter de courir tout le temps, et se demander ce que l’on attend vraiment de la vie. Parfois c’était agréable d’être à l’arrêt pour pouvoir se poser les bonnes questions et donner du sens à ce que l’on fait.

 

Site internet : Librairies Charlemagne