Olivier Zeitoun – La dimension artistique de la durabilité.
Seconde nature… Hôtel des Arts TPM – Toulon, du 23 Juin au 5 novembre.
En 2019, le Centre Pompidou et TPM ont signé un partenariat autour de l’évènement « Design Parade » afin d’exposer les collections nationales de design à l’Hôtel des Arts. C’est dans ce cadre que le commissaire associé de l’exposition “Seconde nature, pour un design durable“ a répondu à nos questions.
Il semble que pour l’édition 2023 de « Design Parade », le Centre Pompidou élargisse ses partenariats?
En effet, je travaille au département design du Musée d’art moderne du Centre Pompidou et suis commissaire associé de cette exposition avec Marie-Ange Brayer, conservatrice en chef et, cette année, nous collaborons avec d’autre collections nationales, le CNAP (Centre National des Arts Plastiques), le Mobilier National et le Musée des Arts Décoratifs. Dans “Seconde Nature – Pour un design durable“, exposition organisée avec la Métropole TPM et la Villa Noailles, il sera donc possible de voir des œuvres issues de ces quatre collections nationales de Design. Les sujets des éditions précédentes, aux thèmes plus “historiques“ (Intérieurs Modernes, Design Italien) faisaient appel aux fonds de la collection design du Centre Pompidou, mais cette année, l’édition est résolument dirigée vers la création contemporaine, un enjeu très actuel, et la collecte d’œuvres réclamait la collaboration de ces différentes institutions.
Comment définiriez vous le design durable ?
Dans “Seconde nature“, nous avons justement cherché à montrer ce que pouvait être le design durable, qui est un principe regroupant de nombreuses démarches de la part des designers. L’exposition présente un panorama de ce que semble être les différentes pistes d’un design durable aujourd’hui. Ces pistes vont inclure des dimensions écologiques et sociales extrêmement importantes, qui vont se déployer à travers des notions comme l’éco-design, le bio-design mais aussi et surtout, une certaine forme de design critique, qui est vraiment le fondement du design durable. Cette remise en question débute dans les années 80 et 90, avec des réflexions sur les modes de production et de consommation des objets, qui expliquent la façon dont les designers s’emparent aujourd’hui de la notion de durabilité. Cette durabilité respecte l’environnement, mais s’étend à un cadre plus large, celui d’implications sociales et économiques dans la conception, la production et les matériaux utilisés.
Est-ce que l’obligation actuelle d’une approche plus écoresponsable peut parfois nuire à la créativité ?
Je dirais que non, au contraire, et c’est aussi l’enjeu de l’exposition que de permettre de découvrir toute une recherche de solutions à cette crise environnementale, qui déclenche une créativité très forte chez les designers.
Comment l’exposition est-elle structurée?
Le parcours suit l’évolution de cette inventivité qui se met au diapason des enjeux actuels et débute par le design critique, cette période où des groupes de designers s’emparent de notions telles que la surproduction des objets, des déchets que cela génère, et conduit au fait qu’ils s’orientent vers une production low tech, une esthétique un peu pauvre et sèche qui mène jusqu’à imaginer des objets issus de matériaux complètement naturels, voués à disparaître. Puis suivent des salles aussi passionnantes les unes que les autres, dont une dédiée au programme des “Aliénés du Mobilier national“, qui concerne des objets voués au rebut, mais finalement confiés à des artistes plasticiens qui les transforment en des oeuvres “upcyclées“. L’exposition offrira une vue d’ensemble originale et plutôt complète.
Weena Truscelli