Parodia – Noël à Rome, Palestrina et Victoria au service de la papauté.
>>Le 13 septembre à la Collégiale de Lorgues, le 15 septembre à l’Abbaye de Silvacane à La Roque d’Anthéron et le 17 septembre à l’Église Notre-Dame des Blancs-Manteaux à Paris.
Parodia, un programme de concert au cœur de la musique sacrée, post conciliaire, une musique faite d’exigence, de rigueur et de dévotion. Pour résister à la censure, la musique sacrée et notamment la messe parodie dut être dépouillée de tout caractère profane. Un motet peut être une source d’inspiration pour la composition, une chanson non !
Le concile de Trente (1545/1563) fut organisé afin de donner à l’Église catholique les moyens de résister à la Réforme protestante. Parmi les préconisations des pères conciliaires, celle concernant la musique était de redonner au texte sacré toute sa place en présence et en compréhension. La polyphonie fut remise en cause pour son caractère parfois trop profane. Giovanni Pierluigi da Palestrina, par sa science du contrepoint, réussit à convaincre les prélats des vertus de l’art polyphonique. Il applique à la musique sacrée ce que plus tard Claudio Monteverdi édictera comme dogme à la musique profane, « prima è le parole e poï la musica ».
Tomás Luis de Victoria est né à Avila en 1548. Il reçoit une première formation de chantre dans la chapelle de la cathédrale avant d’être envoyé, après la mue, à Rome au Collegium germanicum tenu par les jésuites. Il fait des études de théologie au séminaire romain où il rencontre les deux fils de Giovanni Pierluigi da Palestrina. C’est là qu’il fait la connaissance du compositeur et profite de son enseignement.
Le maître, Giovanni Pierluigi da Palestrina, et son disciple, Tomás Luis de Victoria composent chacun une messe parodie sur leur propre motet pour le temps de Noël « O magnum mysterium ». Alors que Palestrina déploie une grande forme à six voix dont la couleur angélique est clairement affirmée, Victoria, choisit l’intimité du chœur à quatre voix en créant ainsi une véritable crèche sonore. Tour à tour, une imposante architecture musicale et une douce spiritualité entrent en dialogue et célèbrent le mystère de la Nativité. Nous assistons ainsi à un véritable exercice de style, celui de la messe parodie, une leçon dispensée par deux des plus grands compositeurs de la seconde moitié du XVIe siècle. Le programme de ce concert leur est consacré tout en rendant un hommage appuyé au maître romain dont le répertoire est particulièrement défendu par Les Voix Animées depuis leur création en 2009.
Si Giovanni Pierluigi da Palestrina est resté toute sa vie au service de la papauté, son influence s’est étendue bien au-delà de la sphère vaticane et notamment dans la péninsule ibérique, terre de Contre-Réforme. De véritables pépites musicales, des motets de compositeurs espagnols et portugais souvent oubliés, viennent compléter ce concert.
Et pour commencer « Duo seraphim », deux anges annonçant l’un, l’autre et l’autre à l’un (alter ad alterum) le mystère de la Sainte Trinité qui s’incarne en cette nuit de Noël. « O magnum mysterium », deux versions musicales différentes du texte des matines de Noël qui, avant de lumineux alléluias, découvre la crèche dans l’intimité de la sainte Famille. « Quem vidistis pastores » est la seconde partie du motet « O magnum mysterium », où les bergers questionnés sont appelés à annoncer la bonne nouvelle.
« O quam suavis est » célèbre les douceurs du Seigneur envers les enfants et les simples.
« Commissa mea » est un motet de contrition prenant place avant l’eucharistie.
C’est par l’antienne mariale, « Salve Regina » que se termine ce concert, un voyage anachronique et rafraîchissant au temps de la Nativité.
Giovanni Pierluigi da Palestrina
Vers 1525 Palestrina / 1594 Rome
Maître de la Cappella Giulia à Rome (voir p 13).
Tomás Luis de Victoria
1548 Avila / 1611 Madrid
Il est enfant de chœur à Avila puis, ayant parfait sa formation auprès de Giovanni Pierluigi da Palestrina à Rome, il devient maître de chapelle au séminaire romain, où il succède à son maître. Ordonné prêtre, il entre comme chapelain au service de l’impératrice Marie, fille de Charles Quint et veuve de Maximilien II d’Autriche. Il finit sa vie à Madrid comme chapelain du couvent des clarisses déchaussées.
Juan de Esquivel Barahona
Ciudad Rodrigo 1560 / 1623
Maître de chapelle à Ciudad Rodrigo. Sa musique, exclusivement sacrée, est très influencée par celles de Cristobal de Moralès et de Francisco Guerrero, dans un style proche de la polyphonie portugaise de cette époque.
Alonso Lobo
1555 Osuna / 1617 Séville
Il est enfant de chœur à la cathédrale de Séville puis devient maître de chapelle à Tolède puis à Séville en remplacement de Francisco Guerrero.
Filipe de Magalhães
1571 Azeitão / 1652 Lisbonne
Il devient très jeune l’élève de Manuel Mendes à Evora, aux côtés de Duarte Lobo et de Manuel Cardoso. Nommé maître de la chapelle royale de Lisbonne sous Philippe II, il occupa ce poste sous Philippe III et Joao IV. Sa musique éditée tardivement fut honorée jusqu’à sa mort.
Programme
Duo seraphim Juan de Esquivel Barahona
O magnum mysterium G. P. da Palestrina
Kyrie – Missa « O magnum mysterium » G. P. da Palestrina
O magnum mysterium Tomás Luis de Victoria
Gloria – Missa « O magnum mysterium » Tomás Luis de Victoria
Quem vidistis pastores G. P. da Palestrina
Credo – Missa « O magnum mysterium » G. P. da Palestrina
O quam suavis est Alonso Lobo
Sanctus & Benedictus – Missa « O magnum… » Tomás Luis de Victoria
Commissa mea Filipe de Magalhães
Agnus Dei – Missa « O magnum mysterium » G. P. da Palestrina
Salve Regina Tomás Luis de Victoria
Distribution
Sofie Garcia, soprano
Sterenn Boulbin, soprano
Raphaël Pongy, contre-ténor
Maximin Marchand, contre-ténor
Damien Roquetty, ténor
Luc Coadou, basse