Patrice Laisney – Changer l’image du clown.

Clown’s Not Dead – Jusqu’au 17 décembre
Le Revest – La Seyne – Hyères

Le directeur du PÔLE est attaché à changer l’image liée au cirque classique que le grand public se fait du clown. Chaque année, il nous propose un temps fort clown où les spectacles rivalisent de profondeur et d’imagination pour nous montrer que le clown contemporain est avant tout un reflet de notre société et un déclencheur d’émotions qui peut nous faire passer en un clin d’œil du rire aux larmes.

 

Y a-t-il une thématique particulière dans cette édition de Clown’s Not Dead ?
Nous n’avons pas vraiment de thématique mais que ce soit dans ce temps fort clown ou dans notre programmation régulière, nous voyons que la plupart des thèmes tournent autour de notre humanité qui va droit dans le mur. Ce sont les préoccupations actuelles des artistes. J’ai voulu aussi centrer cette édition sur la création, ce sont des spectacles récents, certains juste créés. Nous voulons affirmer notre soutien à la création.

Quel est la différence entre les clowns que vous proposez et les clowns classiques ?
Si on repart de l’histoire du clown, le personnage grimé, le clown blanc, l’Auguste, servait de transitions entre les numéros. On est plutôt sur un ressort de gag : il jouait sur les maladresses, les chutes. Le nouveau clown est toujours dans l’humour et le gag mais s’adresse différemment au public. On est plus dans le théâtre, ce sont des acteurs. Ils abordent des thématiques actuelles, parfois grinçantes, on peut rire mais aussi pleurer en voyant ces clowns. C’est une différence que j’aime montrer, pour changer l’image du clown. Nous ne sommes pas nombreux à programmer du clown sur les scènes du Sud.

Quels spectacles proposerez-vous ?
Nous avons déjà joué fin novembre « Malàdroite », du Cirque Inextrêmiste que l’on suit régulièrement, et « La Conf’ ou comment on est allé là-bas pour arriver ici ? », mon coup de cœur à Circa. Camille Boitel viendra présenter « Fissure ». C’est un artiste de cirque complet et reconnu passé par l’école Frattelini. On est dans l’auto-dérision, c’est un clown radical, un clown blanc avec une grande perruque rouge et des effets de décors et de costumes. Depuis le début il travaille sur le catastrophisme. Là, il essaie de mettre en scène sa mort… toutes les cinq minutes ! Et il se rate à chaque fois. C’est tragique et comique. Il y a une grosse scénographie, nous sommes impatients de l’accueillir. Caroline Obin, de l’Apprentie Compagnie, jouera « Homo Sapiens ». C’est une compagnie importante et on n’avait jamais réussi à la programmer. C’est une nouvelle création et ils sont nombreux sur scène, ce qui est rare pour du clown. Ça raconte l’histoire fictive du premier clown à la préhistoire. Est-ce qu’il était grimé ? Est-ce qu’il parlait ? Est-ce qu’il dansait ? C’est un peu la guerre du feu façon clown. Le spectacle s’appuie sur de la danse, autour du Krump, et des compositions rock. « Der Lauf » de la Compagnie Le Cirque du Bout du Monde, propose du jonglage à l’aveugle. Tous les ans dans le temps fort clown, nous montrons un spectacle plus familial visible par les enfants plus jeunes. Quand tu jongles à l’aveugle avec un saut sur la tête, ça crée forcément des situations loufoques : l’objet tombe, la vaisselle casse, ça déclenche le rire. Ça se joue en bi frontal ce qui rappelle le circulaire des premières heures du clown et nous ramène à nos émotions en voyant ceux d’en face se marrer. C’est aussi très participatif. Le public leur envoie des balles pour déquiller ce qu’ils ont en équilibre sur eux, comme dans un jeu de massacre, c’est un très bon moment. Et nous terminerons au théâtre Denis à Hyères où nous serons pour la première fois, avec « Claricello » mis en scène par Alain Reynaud, de la compagnie les Nouveaux Nez, une commande de la Philharmonie du Luxembourg. C’est une proposition tous publics, une fantaisie musicale poétique sans parole, autour de la clarinette et du violoncelle, où les musiciens sont habillés en lutin. Ce sont des professionnels de la musique classique de la Philharmonie et c’est tout nouveau pour eux de jouer de cette façon-là. Les instruments participent à la scénographie et au jeu. Cela permet au jeune public de découvrir d’une autre façon la musique classique et d’en changer l’image.

Fabrice Lo Piccolo.

 

Regarder le clip : Patrice Laisney, directeur du Pôle – CLOWN’S NOT DEAD 

En savoir plus : Le Pôle – Arts en circulation

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