Patrice Laisney – Se rapprocher des artistes.

Le Pôle est un acteur territorial important dans le spectacle vivant. Il regroupe la Saison Jeune Public, la Saison Cirque Méditerranée, et depuis cette saison la bibliothèque de théâtre Armand Gatti. Son directeur nous détaille son attachement aux artistes, et ses souhaits pour la reprise d’activité.

En quoi le Pôle a-t-il été impacté par cette période ?

Nous avions une activité importante à venir. Le Festival Z allait débuter, nous avons dû l’annuler, comme, très rapidement, le reste de la saison. Pour les spectacles que nous ne pouvions pas reporter, nous avons payé les compagnies. Le plus frustrant est qu’aucun de nos gros projets n’a pu se faire : le festival de théâtre amateur, le prix de la pièce contemporaine, la présentation de saison aux enseignants… Pour cette dernière, nous réfléchissons à un report ou à un maintien. Toute notre équipe est en télétravail depuis le début du confinement. Au niveau des réseaux professionnels du spectacle vivant dont je fais partie, nous avons fait des réunions à distance pour réfléchir à ce que l’on prévoit. Le point intéressant de cette situation a été le télétravail. Cela donne des pistes pour l’avenir. Pour les réseaux professionnels, on conservera certaines réunions en visio. C’est étonnant que l’on n’ait pas pensé à l’utiliser avant.

Comment va se passer la saison prochaine ?

Nous ne ferons pas d’ouverture de saison à grande échelle. Le Festival des Arts de la Rue à la Crau, en septembre, est maintenu pour le moment, nous verrons si les mesures sanitaires nous permettent de l’organiser. Nous consacrerons les premiers mois à des résidences d’artistes, qui se prolongeront jusqu’à fin novembre. Pendant cellesci, nous aurons plusieurs actions culturelles, notamment des scolaires qui viendront visiter, ou des artistes qui iront dans les classes, en petits groupes bien sûr. La saison démarrera avec le jazzman Nicolas Folmer puis avec notre festival « Clowns not dead ». J’espère que nous ne serons plus en distanciation sociale. Pour un spectacle de clown, il faut qu’il y ait de la communion avec le public, des rires, ce n’est pas possible avec un masque. A partir de janvier, nous reprendrons la saison comme prévu. Les évènements importants seront la BIAC en janvier-février et le cirque Zoé en avril.

Vous êtes proches des artistes, où en sont-ils ?

Les compagnies ont été très impactées, certaines ne survivront pas. Plusieurs m’ont demandé des résidences, les leur ayant été annulées. J’ai fait le choix de remettre les artistes en scène avant le public. Différentes troupes vont s’enchaîner au théâtre pour répéter sur le plateau. Certaines résidences étaient déjà prévues, d’autres sont rajoutées : nous aurons trois mois de résidence, au Pôle ou au Chapiteau de la Mer. En réfléchissant à la situation, ça nous semblait évident de remettre les artistes au centre de nos priorités car, sans eux, aucun spectacle n’aurait lieu. Même si nous le faisions déjà, nous nous recentrons sur notre démarche d’accompagnement des artistes.

Comment se profile la reprise ?

Nous sommes européens, un peuple anxieux. Le public ne va pas se ruer sur les salles de spectacle. Surtout avec la distanciation. Pour les spectacles Jeune Public, c’est la double peine, les parents ont peur pour eux et leurs enfants. Je ne crois pas aux prises de conscience diverses, notamment écologique. On a vu que dès le déconfinement, il y a eu des queues de deux heures au McDo. Au niveau politique, on sent que nous ne sommes pas prioritaires. On va pouvoir s’empiler dans un métro, mais pas du tout aller au théâtre normalement. Pourtant le spectacle est important justement pour réduire l’anxiété collective. J’ai peur pour nos budgets de 2021 à 2023. Il va nous falloir quelques années pour nous en remettre.

 

Site internet : Le Pôle