Patrice Laisney – Tout l’art du clown.

Clown(E)s Not Dead – Du 2 au 18 décembre 2021
Toulon Provence Méditerranée

La sixième édition de Clown(E)s not dead aura bien lieu ! Patrice a reporté l’intégralité de la programmation de l’année dernière, dédiée aux clowns femmes. Il revient sur la fonction du clown, et sur ce beau programme.

Que représente le clown dans la société et pourquoi avoir dédié cette édition aux femmes ?
Le clown, c’est la transgression, tout ce qu’il y a de cruel en nous et qu’on ne fait pas émerger. Dans le clown traditionnel, on se lance des tartes à la crème, parfois on en aurait envie nous aussi, mais on se retient. J’ai souhaité faire une édition exclusivement féminine car historiquement, il y a eu très peu de clowns femme. À une époque, on ne voyait pas les femmes transgresser comme cela, elles devaient montrer de la retenue. Aujourd’hui, c’est permis, et elles transgressent parfois plus que les hommes, comme vous verrez dans « Foucade » par exemple ! Le clown veut faire émerger des émotions, rire ou pleurer, mais toujours dans un rapport social. Seul, le clown ne peut pas faire rire, le public doit être présent et réceptif. Dans « Ami-Ami », par exemple, Hélène Ventoura veut à tout prix se faire des amis… dans le public ! Ça résonne aujourd’hui : comment se faire remarquer pour que les gens t’aiment ? Jackie Star, aussi, va très loin. Elle est en habits d’hôtesse de l’air au départ, et derrière cette image hyper-intégrée, veut montrer que l’habit ne fait pas le moine. Le clown est toujours à la recherche d’excès, on passe du rire aux larmes. Il parle beaucoup des gens à la marge de la société, pas intégrés. Souvent, il finit à poil aussi, car il veut montrer l’être à nu. Dans le rire, on est souvent assez cruel, les situations extrêmes le déclenchent. Tout est permis dans le clown, il n’y a pas de filtre, c’est brut, mais c’est un art difficile. Coluche avait tout du clown, et se déguisait parfois d’ailleurs. Il a beaucoup apporté.

Peux-tu nous présenter les spectacles de cette année ?
« Les Arts Ménagés » est un délire autour des clichés de la femme d’intérieur dans sa cuisine. Le Pollu est un homme déguisé en femme, mais il est très massif et il est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. « Oraison » est un coup de cœur, vu à Avignon, qui raconte la vie d’une famille de cirque. C’est un spectacle complet, avec du trapèze, du lancer de couteau, du fil… C’est un hommage au clown blanc, l’emblème du cirque. C’est très poétique et pictural avec un voile tendu devant la scène qui donne l’impression d’être dans un rêve. « Foucade » est un spectacle très cru, avec une clown bouffonne, où tout déborde, son corps, son texte ! C’est un spectacle très provocateur qui peut même heurter, il est d’ailleurs conseillé à partir de quatorze ans. « Alpha-bêtes » est proposé au Pradet par la célèbre compagnie Les Nouveaux Nez, scène conventionnée autour des arts du clown. C’est le solo de Mme Françoise dans le rôle d’une institutrice. En amont, nous aurons une tournée dans les établissements scolaires : elle va aller dans une classe sans que les enfants soient prévenus. Une inspectrice présente la nouvelle institutrice, c’est tout à fait officiel au départ, puis elle débarque, avec sa cape et son bonnet ! Jackie Star est donc une hôtesse de l’air qui vient faire une conférence sur l’élégance et la beauté, et au fil du spectacle, elle dérape. « Le sixième jour » joué par Arletty est un magnifique spectacle de répertoire joué des centaines de fois. Catherine Germain fait partie des meilleurs clowns en France et je ne pouvais pas faire un temps fort clown dédié à la femme sans elle. Elle lit la « Genèse », le vrai texte, et arrive à te faire mourir de rire ! Enfin « Ami-Ami » est donné à La Garde, salle Gérard Philipe. C’est burlesque, décalé, et très interactif. Tous les spectacles sont plutôt destinés à un public adulte, à part « Alpha-bêtes ».

Fabrice Lo Piccolo

Novembre 2021

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