Patrick Bosso – Mon accent pagnolise tout

Après le théâtre, vous retournez à vos premières amours, le one man show ?

Oui, j’ai eu la chance et le plaisir de partager l’affiche avec deux grands comédiens, Niels Arestrup et Kad Merad. Ca s’appelle « Acting » : l’histoire de trois détenus dans une cellule de prison. Il y a Robert, un homme de théâtre condamné pour meurtre, et Gepetto, petit expert-comptable qui rêve de gloire et qui va demander à Robert de lui apprendre à jouer, notamment Shakespeare et le monologue d’Hamlet. Et le troisième larron, c’est moi, Horace, un tueur insomniaque et taiseux. Et oui, Patrick Bosso muet, c’est possible ! C’est une très belle pièce, autour du théâtre et des rapports humains.

 

Comment peut-on résumer votre nouveau spectacle, « Sans accent » ?
Disons que c’est un spectacle dans lequel je me mets un peu plus à nu que les précédents… J’ai déjà fait une vingtaine de dates de rodage, et je repars sur les routes pour une nouvelle série de dates, en commençant par Toulon ! Ca part d’une discussion plutôt surréaliste que j’ai eue avec un jeune de mon ancien quartier, quand j’étais de passage à Marseille. Il m’avait demandé : « Oh Bosso, comment on fait pour faire connu comme métier ? ». Ca m’a fait sourire sur le coup, et puis je me suis dit qu’il y avait là une matière à creuser, une idée de sketch.

 

Et alors comment on fait pour être connu ? Il y a une fiche métier au CIO du collège ?

Et non, justement… Mais en lisant des interviews de collègues artistes, comédiens ou humoristes, je me suis rendu compte à quel point tous nos parcours étaient différents. Chacun a eu une manière très particulière d’exercer son art et sa passion, et de parvenir au niveau qui est le sien. Alors dans ce spectacle, je reviens sur mon parcours, mes expériences. Et j’en profite pour partager mes humeurs sur cette société qui nous entoure, sur cette instabilité générale.

 

En vous inspirant de faits vécus ?

Oh, pas besoin d’aller chercher bien loin ! J’ai une fille qui a 24 ans et elle est en plein questionnement : elle se cherche, à l’image de sa génération et de la société. Moi aussi je me suis longtemps cherché quand j’étais jeune. A cette époque tout le monde me cherchait d’ailleurs : ma mère, mon père. Même la police me cherchait !

 

Intituler ce nouveau spectacle « Sans accent », c’est aussi un prétexte pour aborder d’autres sujets, moins sudistes, moins clichés ?

Oui, des sujets qui me sortent de mon image du Marseillais de service. Mais vous savez, la vie est bien souvent beaucoup plus « cliché » que mes sketchs. Je lisais récemment dans le journal les propos d’un élu marseillais qui disait, à propos de je ne sais plus quel sujet : « On ne l’a pas autorisé… mais on ne l’a pas interdit ». Mot pour mot ! Extraordinaire, cette phrase. Moi, avec ça, je fais une heure de spectacle ! Et pourtant c’est la vraie vie. La vraie citation d’un type qui a été élu et qui représente la loi !

 

Rassurez-nous, Patrick Bosso n’a pas complètement perdu son accent ?

Non, bien sûr. Mais oublier un peu l’accent, c’est passer de l’autre côté d’une certaine barrière, celle de cet accent qui en impose, et qui me classe dans une catégorie, forcément. Il y a une vingtaine d’années, quand j’ai commencé à travailler à Paris, à prendre des cours de comédie, à passer des castings, on m’en parlait tout le temps, de cet accent. Comme s’il n’y avait que ça pour me caractériser. C’est comme ça, ça fait partie de moi, j’ai été élevé aux textes de Pagnol, aux spectacles de Philippe Caubère. En fait, quel que soit le sujet que j’aborde, mon accent pagnolise tout !

 

Propos recueillis par Olivier STEPHAN