PETITE MUSIQUE – La beauté du voyage.

Cédric a ce petit quelque chose en plus, qu’il cultive avec son frère Bastien, dans leur groupe Petite Musique, depuis vingt ans. Ils ont parcouru la France pour semer leurs mots et leurs chansons. Sa voix chaude se mêle sans cesse à une touche de poésie. Natif de la Seyne, c’est porté par le mistral qu’il a enregistré pour nous une version acoustique de « Lune idéale ». Merci Cédric.

Avec ton frère vous chantez la décroissance depuis 20 ans. Tu vois cette crise comme une preuve supplémentaire de cette nécessité ?

Cette crise est la dernière d’une longue série. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale il y a des signaux qui nous montrent que notre monde ne tourne pas rond : Tchernobyl, la vache folle, la crise pétrolière, les attentats… On voit bien que le monde ne tourne pas rond. Nous sommes des enfants qui jouons avec nos gadgets nucléaires et technologiques. Et lorsqu’on nous montre les misères du monde, nous détournons le regard. Ces comportements puériles mènent à des extrémismes. Alors que le bon chemin est celui de la raisonnabilité : prêtons attention aux paramètres qui nous permettent d’être heureux. Qu’est ce qui nous fait du bien, et qu’est ce qui nous pousse dans le mur ?Il faut réfléchir sereinement à tout ça, comme des adultes.

Votre dernier album s’appelle “Le secret”. C’est quoi ce secret ?

Le secret, c’est de continuer à chercher. Depuis les débuts de l’humanité, chaque personne trouve et construit une partie de ce secret. Chaque génération en transmet quelques clefs à la suivante. C’est une longue quête qui n’a pas de but défini. Le secret est de comprendre que c’est le voyage qui est beau, non pas la destination.

Cela fait vingt ans que vous faites de la musique, c’est l’heure des bilans : comment votre art et situation ont-ils évolué ?

Le bilan est forcément mitigé, comme tous les bilans. Nous avons fait de notre mieux. Nous avons toujours été intéressés par le coeur du métier : créer, enregistrer, diffuser. On avait envie de raconter des choses, on a mis en forme nos propos en montant des spectacles. On a fait ce qu’on voulait, en se donnant les moyens. Aujourd’hui ce métier est redevenu artisanal, avec un retour à l’autoproduction, la fin des maisons de disque… On a construit notre aventure avec des rencontres et des amis, grâce au système D, et en s’appuyant sur l’entraide. On a appris notre métier, et on continue toujours.

Parle-nous de tes autre projets.

Pour que nos réalisations prennent du sens, nous avons décidé d’aller moins loin et de nous ouvrir à d’autre projets. J’ai un duo avec Anthony Derrique, un des tous meilleurs banjoïstes français mais aussi un auteur-compositeur fantastique : Ramblin Pickers. Il produit aussi nos disques avec Petite Musique. J’ai aussi monté un duo avec une amie anglaise, Gemma and the driver, plus axé sur ses compositions, j’y ai plus un rôle de soutien. Sur scène, c’est très agréable de ne pas être le front man et de regarder un autre artiste dérouler son aura et sa manière de tenir la scène. Nous avons sorti un album le 14 mars. C’était la bonne date pour sortir un disque (rires). Je vais aussi démarrer quelque chose en solo : tout ce temps libre m’a inspiré de nouvelles musiques et chansons. On a bien sûr quelques nouveautés avec mon frère, pour bientôt. Dans cet espace temps un peu flou, on a plein de projets que l’on garde dans nos mains, comme des ballons en hélium, que l’on attend pour lacher. Ça va venir.