PHILIPPE DECOUFLÉ – Je crée les spectacles que j’ai envie de voir

Stéréo – 22 & 23 juillet à Châteauvallon, Ollioules.

Le nom de Philippe Decouflé est un des plus populaires de la planète Danse : depuis quarante ans il est associé à des événements d’envergure qui sont restés dans les mémoires et chacun reconnaît la patte du chorégraphe qui se nourrit des autres arts de la scène et, au-delà, s’inspire des univers de la BD ou du cinéma. Le nom de sa compagnie, DCA, « Diversité, Camaraderie, Agilité », est en soi tout un programme auquel cette nouvelle pièce mêlant danse, cirque et musique entend bien se tenir.

 

Votre spectacle est inspiré par l’Ile de la Réunion et les éléments, comment le traduisez-vous sur scène ?

C’était l’idée initiale, que j’ai eue là-bas, entre les deux confinements. J’ai passé un moment enchanté sur cette île, entre mer et volcan, on a l’impression d’être sur la lune. J’ai adoré ses couleurs. Puis le spectacle a évolué vers ma relation à la musique. C’est un spectacle sur le rock, sur mes premiers émois de concerts, notamment à Châteauvallon d’ailleurs, où enfant j’allais voir des spectacles de jazz. Le statut des musiciens me fascinait. C’est donc un hybride entre concert et spectacle de danse, avec beaucoup d’énergie, très dynamique. Et cela me procure un certain plaisir après cette période.

 

Qu’est-ce que la musique au plateau apporte selon vous ? 

Il y a très longtemps que je travaille avec des musiciens, mais là l’idée était de vraiment mélanger la musique et la danse au milieu du plateau. L’autre parti pris est de jouer des reprises : deux chansons des Beatles, du T-Rex, du Ian Dury, mélangées à de la musique originale. J’essaie de créer les spectacles que j’ai envie de voir, et celui-ci ira très bien à Châteauvallon, qui est un très beau lieu pour la danse. Nous sommes au tout début de la tournée, avec une équipe jeune et dynamique, nous venons de créer le spectacle à Montpellier. Je suis très content de rejouer à Châteauvallon, mon père y travaillait et j’ai bien connu Paquet et Komatis. C’est un des plus beaux théâtres qui soit.

 

Vous avez une longue carrière, avec des spectacles très prestigieux, et aussi des projets hors danse, notamment en cinéma, comment et pourquoi produire autant ?

Il se trouve que c’est mon métier et ma passion depuis que je suis gamin où je montais déjà des spectacles. Avec ma compagnie DCA, je produis un spectacle nouveau tous les deux ou trois ans. C’est aussi l’économie du spectacle vivant, c’est difficile d’arrêter. Une compagnie de danse est fragile, je suis indépendant et je monte des spectacles assez lourds. Et c’est bien sûr un plaisir, j’aime travailler dans beaucoup de styles différents.
Et j’ai monté des spectacles pour l’extérieur, dont celui pour les JO, mais j’ai aussi travaillé pour le Cirque du Soleil, créé une comédie musicale au Japon. J’ai beaucoup aimé voyager pendant toutes ces années.

 

Vous vous inspirez également de plusieurs films dont celui de Jonathan Demme sur les Talking Heads, et « Un jour sans fin »…

Oui, pour « Un jour sans fin », c’est parce que dans le spectacle, il y a un travail sur le temps. J’avais aussi dans la tête ce film sur les Talking Heads, quand David Byrne arrive sur scène avec un grand orchestre qui joue. J’aime beaucoup le cinéma

 

Le spectacle mêle danse et acrobatie, en quoi est-ce une difficulté supplémentaire, et qu’est-ce que cela apporte ?

Je mélange les arts et les techniques, dans plein de styles de danse et de mouvements différents, dont plein d’acrobaties. Du temps de mes grands-parents, l’acrobatie était de l’acrobatie pure, aujourd’hui, il y a beaucoup de travail au sol. Dans la troupe, nous avons Aurélien Oudot, accrodanseur de haut niveau, et un très bon comédien qui joue : je travaille avec les savoir-faire de chacun. C’est un divertissement, un voyage à travers l’histoire du rock, mais ce n’est pas du showbiz, c’est de l’art, c’est fragile et incarné.

 

Vous parlez aussi de danse dessinée, vous vouliez être dessinateur de BD enfant, ce domaine a une influence importante sur vos créations ?

Il parait que ça se voit dans ce dernier spectacle. On est influencé par ce qu’on aime. Je travaille de manière assez instinctive, surtout sur ces projets très libres. Je suis parti d’une danseuse Violette, avec qui je voulais travailler. C’est parti d’un solo, puis, finalement, ils sont huit au plateau. Et il y a ma fille Louise, musicienne, avec qui je voulais travailler également et j’ai monté un orchestre autour d’elle. C’est un spectacle drôle, avec du jeu, c’est pour tout le monde. Je suis toujours à la recherche de ce genre de forme, assez libre, avec beaucoup de variations… Mais je pense toujours au public. De nouveau, je crée les spectacles que j’ai envie de voir.