Philippe Granarolo – Un futurible

« La grande Extinction, tome I : L’ADN du Chaos », présent à la Fête du Livre du Var

Professeur agrégé de philosophie à la retraite, le gardéen Philippe Granarolo, spécialiste de Nietzche à qui il a consacré de nombreux ouvrages, publie son premier roman, une dystopie où il aborde quelques-uns de ses thèmes de prédilection, du complotisme aux réseaux sociaux en passant par l’IA.

Vous avez publié de nombreux essais philosophiques, qu’est-ce qui vous a donné envie de passer au roman ?
Je voulais toucher un autre public et j’éprouvais aussi une lassitude. J’ai publié dix-huit livres de philosophie, dont neuf sur Nietzsche et soixante-dix articles sur lui. Mais j’explore mes sujets de prédilection : le complotisme, les réseaux sociaux, etc. Nietzsche, pour moi était un futurologue, qui explore des futurs très différents mais possibles. Donc dans ce livre, j’explore un « futurible », un futur possible, angoissant pour avertir les lecteurs et peut-être leur donner des outils pour empêcher que ce futur arrive. Je veux indiquer clairement que je ne fais pas l’apologie de mes héros, ou anti-héros, qui sont des personnages épouvantables. Je crains la montée de la haine, les gens se crispent sur leur communauté aujourd’hui. Mon héros est un suprémaciste milliardaire américain, ami de biologistes géniaux, qui se penche sur le fait que nous ne connaissons que 10% de l’ADN pour créer un virus qui cible les différentes races. On pense bien sûr au Covid, dont on a dit toutes sortes de choses. Il cible dans un premier temps les blancs, pour, une fois que la haine est montée, créer son virus final pour exterminer tous les non-blancs. C’est le premier tome d’une trilogie. Il explore des thèmes tels que la biologie, le complotisme, et les techniques redoutables de manipulation de l’information. Les suivants aborderont les thèmes de l’écologie et de la technologie ainsi que l’IA. J’ai beaucoup travaillé sur les personnages, en m’inspirant de personnes réelles dont Jeffrey Epstein pour mon héros ou Georges Church, Eva Jablonska et Kari Stefansson, de fameux biologistes. J’ai également soigné la description des paysages : Californie, Mojave, Bâle, Boston, Islande, Écosse…

Parlez-nous de quelques-uns des thèmes de votre roman, l’intelligence artificielle par exemple ?
L’IA suscite de nombreux fantasmes, mais il y a une vraie accélération que personne n’avait prévue. Midjourney a remporté des concours photos internationaux. En radiologie, l’IA est plus performante que les radiologues car elle peut analyser des millions de clichés. La question de la singularité, où la machine dépasserait l’humain, se pose à nouveau. Même les concepteurs de ChatGPT ne comprennent pas complètement son fonctionnement. Tout est question de nombres d’informations traitées. Une machine a besoin de mille photos de chats pour reconnaitre un nouveau chat, un enfant humain seulement de trois. Mais l’IA peut traiter beaucoup plus d’informations. Et on sait que cela pose aussi un problème écologique : Internet si c’était un pays serait le troisième consommateur d’énergie au monde. Tout cela soulève des questions sur l’avenir de l’IA et son impact sur la société.

Et les réseaux sociaux ?
Tout au long du livre, je montre comment mes protagonistes se servent des réseaux pour manipuler l’opinion publique. Aujourd’hui, il est difficile de différencier les informations valides des fausses. L’année dernière j’ai donné une conférence au Kremlin-Bicêtre où j’indiquais une liste de sites internet qui permettent de différencier les vraies photos des fausses. On voit aujourd’hui ces fausses photos qui circulent dans le conflit entre Israël et le Hamas. Il est important d’alerter les gens sur les dangers des réseaux et de leur donner des outils pour différencier le vrai du faux. Fabrice Lo Piccolo

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