Philippe Torreton – L’empathie du comédien.

« La Folle journée ou le Mariage de Figaro », le 23 janvier au Théâtre de l’Esplanade à Draguignan et le 24 janvier au théâtre Le Forum à Fréjus

 

On ne présente plus Philippe Torreton comédien et écrivain. Il sera Figaro sur les planches de Draguignan et de Fréjus, dans la comédie satirique et dénonciatrice sur les rapports hommes-femmes et maîtres-valets de Beaumarchais “La Folle journée ou le Mariage de Figaro“

 

Etait-ce une attente de jouer Figaro ?

Une attente, oui et non, c’est vrai que c’est un rôle que j’ai eu envie de jouer pendant longtemps, et puis j’ai laissé courir en me disant que ça arriverait, ou pas… J’ai eu d’autres rôles, puis cette opportunité de jouer Figaro s’est présentée. J’en ai été ravi : c’est souvent quand nous arrêtons de vouloir les choses qu’elles arrivent, et c’est très bien comme ça.

Que pensez-vous du long monologue de Figaro dans cette pièce, aux propos tenus, si osés pour l’époque où ce fût écrit, mais encore tellement d’actualité ?

En effet, je suis sidéré par le courage – ou même par une certaine forme d’inconscience – de Beaumarchais, d’écrire cela et d’espérer survivre à la censure. Bien entendu, la pièce a été censurée immédiatement. Mais c’est une leçon d’indépendance d’esprit et de foi en l’avenir magnifique qu’il nous livre là. Ce monologue peut paraître exagérément long, c’est le plus long du théâtre classique français, il est également bizarrement placé en ce début d’acte V où l’auteur prend prétexte que Figaro est persuadé que celle qui sera bientôt sa femme le trompe avec le Comte. Il est évidemment extrêmement déçu, en colère, il se sent trahi et cela devient un prétexte à raconter sa vie aux gens. Mais en réalité, on s’aperçoit que c’est plus un portrait de Beaumarchais que de Figaro qui est dressé, et c’est cela qui est émouvant et magnifique. Nous avons là un résumé du caractère volontaire, éclectique, frondeur, courageux et entre prenant de Beaumarchais.

Préférez-vous jouer des personnages dont les propos ressemblent davantage à vos propres idées sur la vie ?

Pas forcément, car j’ai été amené à jouer des êtres absolument peu recommandables, comme Richard III, ou d’une certaine façon Don Juan… ce n’est pas ce qui domine mes choix. Mais là, il est vrai que c’est assez étonnant de se retrouver avec cette écriture que j’aime beaucoup et que, comme tout le monde, j’ai étudié à l’école puis travaillé au Conservatoire et à la Comédie Française… J’ai l’impression de retrouver ma langue maternelle de théâtre ! J’y retrouve aussi des points communs avec moi : je suis éclectique, indépendant, j’écris et fais du théâtre… comme Figaro ! J’ai été, comme lui, de façon différente évidemment, confronté à des difficultés comme un certain ordre établi. Mais ce n’est pas nécessairement une quête d’aller vers des rôles qui vous ressemblent. Au contraire, parfois, on prend plus de plaisir à essayer de comprendre les mécanismes de pensée de quelqu’un à la personnalité éloignée de la vôtre, de tenter de trouver un chemin possible vers ce qui pourrait faire que je devienne cet homme-là, un chemin empathique qui permettrait de se mettre à sa place, même si c’est une personne horrible. C’est pour cette raison que j’adore absolument mon métier : nous faisons tous les soirs ce que tout le monde devrait faire dans la vie, se mettre à la place de l’autre.

Comment s’est déroulée la coopération avec Léna Bréban, metteuse en scène de la pièce ?

Absolument formidable, une vraie complicité, nous nous sommes épaulés, nous avons parlé la même langue. Nous nous sommes compris à un point tel, que nous avons un nouveau projet commun pour 2027, qui est d’adapter mon livre “Mémé“ et d’en faire un spectacle que nous espérons bouleversant, plein de magie et de poésie !

Weena Truscelli

En savoir plus