
Raphaël Dupouy – Un double voyage artistique au Lavandou.
Expositions au Lavandou : « Paysages et abstractions », jusqu’au 18 octobre à La Villa Théo et Rolling Stones 1971 à l’Espace Culturel, du 8 juillet au 27 septembre.
Le Lavandou accueille cet été deux expositions aux accents très différents : « Paysages et abstractions » explore la nature et ses représentations à travers des œuvres modernes et contemporaines ; tandis que « Rolling Stones 1971 », plonge dans l’intimité du mythique groupe de rock grâce aux clichés rares de Dominique Tarlé. Entretien avec Raphaël Dupouy, directeur des affaires culturelles.
Quels artistes sont présentés dans l’exposition « Paysages et abstractions » et qu’est-ce qui les lie ?
Nous avons réuni une vingtaine d’artistes, avec des profils très variés. Ce qui est intéressant, c’est la manière dont le thème – à la fois classique et très actuel – est abordé à travers différentes périodes et sensibilités. On part des néo-impressionnistes comme Henri-Edmond Cross, Bonnard, Manguin… qui, bien qu’ils ne soient pas abstraits à proprement parler, amorcent une simplification formelle de la nature. On perçoit déjà chez eux une volonté de s’éloigner du réalisme pour exprimer l’émotion ou l’essentiel d’un paysage. Puis, on glisse vers des formes plus abstraites avec des œuvres d’artistes des années 50 comme Viera da Silva – qui figure d’ailleurs sur l’affiche – et jusqu’à des créations contemporaines. On présente aussi des artistes toulonnais comme Solange Triger ou Serge Plagnol. Il y a même de l’art aborigène, qui, entre cartographie mentale et expression symbolique, dialogue étonnamment bien avec l’abstraction.
Et sur le plan des techniques ?
On propose une belle diversité : des huiles sur toile, de la photographie, mais aussi de la sculpture. Par exemple, Judith Bartolani, artiste marseillaise, présente un arbre en résine très impressionnant. L’exposition fait dialoguer matières et formes dans un rapport riche entre paysage et abstraction.
Une exposition collaborative ?
Oui, nous avons bénéficié de prêts importants : du FAMM de Mougins – premier musée européen consacré uniquement à des artistes féminines – avec une œuvre de Lalan, artiste franco-chinoise liée à l’histoire du Lavandou. Il y a aussi des œuvres de la Fondation Hartung-Bergman, du musée du Niel, et de la collection départementale d’art contemporain du Var, notamment une pièce de Chuta Kimura, un artiste japonais ayant vécu en France.
Comment est née l’exposition Rolling Stones 1971 à l’Espace Culturel ?
C’est une belle opportunité née d’un partenariat avec la galerie de l’Instant à Paris. On a contacté Dominique Tarlé, le photographe qui a capturé cette période si particulière de la vie des Stones : leur exil fiscal en France, en 1971. Ils se sont installés dans une maison louée par Keith Richards, où ils ont enregistré « Exile on Main Street ». Dominique Tarlé devait y passer une journée… il y est resté six mois. C’est un regard intime, discret, mais incroyablement juste. Il a saisi des milliers de photos, en noir et blanc et en couleur, dans une atmosphère très libre. On voit les Stones au naturel, dans des moments de vie : autour d’un apéritif, en train de gratter une guitare après un repas, ou de répéter en cave. On perçoit la complicité, l’improvisation, les amis qui passent, la moto de Jagger… C’est un document précieux, à la fois artistique et historique.
Combien de photos sont présentées ?
Cinquante clichés, soigneusement sélectionnés. L’an dernier, nous avions déjà proposé une exposition autour des célébrités sur la Côte d’Azur, avec le photoreporter Félix Golési. Cette année, on reste dans cette idée d’offrir au public – locaux comme touristes – un regard original sur des figures emblématiques.
Fabrice Lo Piccolo