Raphaël Lemonnier – Jazz et Blues à Cuba
>>La Trova Project le 18 mai au hall des expositions à Brignoles, dans le cadre du festival Les Printemps du Monde.
Le festival « Les Printemps du Monde » organisé chaque année par Le Chantier se tiendra cette année en Provence Verte à la Fraternelle à Correns et au hall des expositions de Brignoles mais aussi en Dracénie au musée des Beaux-Arts de Draguignan, aux Arcs et à Châteaudouble. Vous y retrouverez, entre autres artistes, Raphaël Lemonnier & La Trova Project qui mêlent le jazz, le blues et la musique cubaine.
Raphaël Lemonnier, vous êtes un pianiste de jazz reconnu. Qu’est-ce qui vous intéressait dans la Trova cubaine ?
Ce qui m’intéresse, c’est le mélange des genres. Je viens du monde du jazz et du blues, et le blues s’accorde bien avec la musique cubaine. J’ai également joué plusieurs fois à la Nouvelle-Orléans et j’ai été formé à cette musique jazz. En regardant le parcours de cette musique, on s’aperçoit que le jazz a été fortement influencé par les musiques créoles et caribéennes. Les cubains, eux, ont leur propre tradition de la Trova, qui se chante à deux voix. J’ai trouvé intéressant de marier le blues et le jazz avec la culture cubaine, en choisissant des chansons traditionnelles cubaines des années 30 et 40 et en les arrangeant à notre façon. Autre fait intéressant, la Trova trouverait ses racines dans notre Troba des troubadours de Provence et d’Occitanie. Cette tradition aurait été transmise par les Français arrivés à Cuba après la révolution française et aurait été reprise par les chanteurs cubains allant de village en village en chantant des chansons d’amour.
Comment arrivez-vous à marier le jazz et le blues avec la Trova et le Boléro cubains ?
Les deux se marient naturellement sur scène. Nous avons une chanteuse cubaine, Eliène Castillo, qui apporte sa culture, et une autre qui vient de Barcelone, Clara Tudela. Ces deux chanteuses reprennent la tradition de la Trova avec ses arrangements à deux voix. Moi, je suis accompagné par un trio de jazz avec un guitariste blues et jazz, Rémi Charmasson, Lilian Bencini à la contrebasse et Xavier Desandre-Navarre à la batterie et aux percussions. Les solos sont plutôt jazz et blues. Chacun s’est plongé dans la culture cubaine pour arranger les morceaux et les adapter au projet.
Quel répertoire interprétez-vous dans ce spectacle « Blues For Dos Gardenias » ?
Nous interprétons quelques chansons bien connues comme « Dos Gardenias », qui donne d’ailleurs le titre au spectacle, ou « Chan Chan » de Compay Segundo mais qui démarre avec un solo de guitare blues. Il y a aussi des chansons moins connues de la Trova cubaine des années 20. Nous avons également arrangé quelques chansons françaises des années 60 en Boléro, ou encore un morceau très connu d’Éric Satie, compositeur classique contemporain français. En tant qu’arrangeur et compositeur, c’est un travail intéressant de prendre une chanson, connue ou pas, et de lui donner une nouvelle couleur métissée.
Pour finir, vous avez une longue et belle carrière dans le jazz avec de nombreuses collaborations. Pouvez-vous nous partager quelques-uns de vos souvenirs importants ?
J’aime collaborer avec des chanteuses. J’ai travaillé avec China Moses, Camille ou Sandra N’Kaké. Avec China, pour notre hommage à Dinah Washington, nous avons joué au Blue Note de Tokyo, lors d’un week-end express. Nous sommes arrivés le samedi matin et reparti le lundi. Avec le décalage horaire nous n’avons presque pas dormi ! Une autre fois, avec China également pour des séances de répétition à Paris, j’ai eu l’occasion de dormir chez sa mère… qui n’est autre que Dee Dee Bridgewater. J’aime aussi diversifier mes activités, je travaille beaucoup sur la musique à l’image avec notamment un ciné-concert. J’ai également travaillé avec une compagnie de théâtre.
Fabrice Lo Piccolo