Reda Kateb, Samir Guesmi & Philippe Rebbot – En équilibre

>> »Sur un fil », le 30 octobre 2024 dans les salles de cinéma

En suivant le parcours de Jo, acrobate blessée, Reda Kateb nous fait entrer dans l’univers des clowns d’hôpitaux. Capturant la magie de ce monde, son film « Sur un fil » révèle comment le rire et l’espoir s’épanouissent même au cœur des défis, nous offrant une vision vibrante de la vie. Nous avons rencontré le réalisateur et ses deux acteurs, Samir et Philippe, lors de l’avant-première au Pathé La Valette.

Est-ce en tant que parrain de l’association « Rire Médecin » que vous avez voulu aborder ce thème ?
Non, c’est plutôt l’inverse. J’ai découvert cet univers en lisant le livre de Caroline Simons « Le rire médecin, journal du Docteur Girafe », qui m’a inspiré pour le film. Puis j’ai rencontré Caroline, qui m’a permis d’effectuer des immersions dans les hôpitaux pour observer le travail des clowns. Et au fil des mois, elle m’a proposé d’en devenir le parrain, alors que nous en étions déjà aux premiers stades de l’écriture avec Fadette Drouard, ma co-scénariste.

La résilience est un thème central dans votre film…
Absolument. Chaque personnage incarne cette résilience, que ce soient les enfants ou les parents. Samir peut en parler, car c’est essentiel pour son rôle. Ce film explore nos réactions face aux échecs et aux drames.

Samir, votre personnage est seul pour affronter la maladie de son fils. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre expérience en tant que père dans le film ?
Le personnage du père est un paradoxe. C’est un homme d’affaires brillant, mais ce drame lui fait rebattre les cartes de sa vie. Chaque réaction face à un enfant malade est unique. Mon rôle se construit autour de cette incertitude : ce père ne sait pas ce qui va se passer. Mon interprétation vise à montrer un père présent, attentif à son enfant. C’est impossible de ne pas se projeter. Pendant le tournage, le trajet vers l’hôpital était un moment de transition. Sur le plateau, il n’y a pas vraiment de distance ; c’est à la fois cathartique et agréable.

Philippe, en tant que personnage clé de cette dynamique, comment votre relation avec Jo a-t-elle influencé votre rôle de guide dans la transmission de votre savoir ?
Il est celui qui sort doucement du jeu, celui qui transmet. En rencontrant Jo, il prend conscience de l’importance de cette passation, tout en redécouvrant son amour pour le clown. En fait, il attendait ce moment pour pouvoir partir, mais je pense qu’il ne le réalise pas tout de suite. Je ne sais pas si on peut dire qu’il est sage. Disons qu’il est vieillissant, sur le point de devenir grand-père, et qu’en prenant de l’âge, on a tendance à s’assagir.

La vitre qui apparaît dans le film semble symboliser la séparation entre soignants et patients. Était-ce un choix délibéré de votre part ?
Reda : Oui, c’est une barrière à briser, que l’arrivée du clown va faire exploser petit à petit. La caméra, accrochée au clown, nous place à un carrefour entre art et soin. Ils déstabilisent la machine hospitalière, redonnant de la vie à l’environnement. Le clown agit comme un fou du roi, défiant les hiérarchies. Avec les enfants, cela se manifeste souvent par des jeux où l’enfant devient le maître, leur permettant de reprendre du pouvoir après tant de temps à suivre des programmes stricts.

Quelle était l’ambiance sur le tournage du film ?
Reda : L’ambiance était incroyable. Nous avons créé un espace de confiance où chacun pouvait s’exprimer librement. Travailler avec des clowns et des enfants a apporté une légèreté nécessaire, même dans les moments chargés en émotions.
Samir : Nous avons beaucoup ri entre les prises, ce qui est essentiel pour maintenir une bonne atmosphère, surtout quand on traite de sujets aussi sérieux.
Philippe : Oui, l’humour était une constante. En tant que clown, il est crucial de garder une certaine légèreté. Même lorsque nous abordions des scènes difficiles, nous avions des moments de partage et de rires qui ont vraiment soudé l’équipe.

Julie Louis Delage

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