Renaud Capuçon – Des émotions et des partages inestimables.

>>Renaud Capuçon & friends, dans le cadre de « La Vague Classique » à la Maison du Cygne à Six-Fours le 5 juin

Renaud Capuçon, le célèbre violoniste, est de retour à Six-Fours. Il sera cette fois accompagné par Paul Zientara à l’alto, Yan Levionnois au violoncelle et Guillaume Bellom au piano, de jeunes musiciens qu’il connaît bien, pour nous interpréter un programme de Gabriel Fauré.

Renaud Capuçon, vous êtes de retour à la Maison du Cygne à Six-Fours, c’est un lieu que vous appréciez particulièrement ?
Si je reviens pour la troisième année consécutive, c’est d’abord parce que je m’y sens extrêmement bien. Dès que l’on arrive, l’endroit est magique. Ce lieu est incroyable, propice à la création, inspirant et paisible. C’est un vrai bonheur.

Pouvez-vous nous parler du quatuor avec piano que vous formez avec ces jeunes musiciens que vous connaissez bien, avec qui vous avez d’ailleurs enregistré ?
Une partie de mon activité est consacrée à jouer avec de jeunes musiciens. J’aime leur « faire la courte échelle ». Ils sont déjà absolument géniaux, mais je crois en l’apport entre générations, je joue d’ailleurs régulièrement aussi avec des musiciens plus âgés. Une énergie importante se crée dans ces moments. Pour ce programme, nous avons choisi de nous consacrer à Gabriel Fauré, une façon de rendre hommage à ce compositeur moins joué que Ravel ou Debussy, qui sont les deux étendards français. J’aime beaucoup ce compositeur qui est d’un grand romantisme. Nous jouerons dans une formation classique de musique de chambre, un piano et un trio de cordes. On retrouve cette formation par exemple chez Brahms, Beethoven, Schumann… Nous jouerons, entre autres, le « Trio pour piano et cordes » qui est une œuvre tardive de Fauré. À la fin de sa vie, Fauré, comme Beethoven, avait perdu beaucoup de son audition et il a créé des œuvres d’une grande intensité à ce moment-là. Pour quelqu’un qui n’aurait jamais entendu cette musique, c’est comme être en face d’un tableau de Manet pour la première fois, on est dans un monde merveilleux.

Qu’est-ce qui a déterminé votre choix d’instrument et qu’est-ce qui fait votre amour du violon ?
Avant d’être amoureux du violon, c’est vraiment la musique classique qui m’a séduit. J’ai commencé à quatre ans, je n’ai donc pas pris la décision seul, mais j’ai aimé cet instrument tout de suite. C’est encore aujourd’hui mon moyen d’expression. J’ai eu cette chance incroyable de commencer très tôt et de pouvoir me plonger de façon intense dans cette passion.

Vous êtes une « star » de la musique classique, avez-vous un rôle d’ambassadeur de cette musique ?
Je ne me considère pas comme une star, mais comme un artiste et un artisan. Mais oui, je me sens représentant ou ambassadeur de la musique, c’est un rôle important et une responsabilité. Quand on est en vue, on peut aider les jeunes musiciens. J’utilise cette notoriété pour les soutenir. Cependant, je suis très lucide ; peut-être que dans trois ans, on n’aura plus envie de m’inviter. Tout ça est en surface. Mais ce qui ne l’est pas, c’est ce travail d’artisan autour de la musique, c’est travailler les œuvres, les apprendre. Un musicien qui aime la musique est heureux devant une partition. Quelle que soit l’évolution de ma carrière, je serai toujours heureux de jouer de la musique ou d’en diriger.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes musiciens qui veulent devenir professionnels ?
Il faut énormément de persévérance, de patience et de courage. Mais tout ça est récompensé par la musique. Quand on est passionné comme je le suis, cette passion vous donne l’énergie, la patience et la persévérance nécessaires. Peut-être plus que dans certains autres métiers, la musique demande cela, mais elle offre en retour des émotions et des partages inestimables.
Fabrice Lo Piccolo

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