René Frégni – Des soleils émotionnels

>>La Fête du Livre d’Hyères les 4 et 5 mai

Cet écrivain qui a grandi dans les quartiers nord de Marseille a un parcours atypique puisqu’il a découvert la littérature en prison suite à sa désertion du service militaire. Nous l’avions interrogé lors de la sortie de son dernier roman »Minuit dans la ville des songes ». Il viendra en mai à la Fête du Livre d’Hyères nous présenter sa dernière œuvre, un recueil de nouvelles.

Vous allez présenter un nouvel ouvrage lors de la Fête du Livre d’Hyères, pourriez-vous m’en dire plus ?
J’écris principalement des romans, mais il y a vingt ans, j’avais déjà écrit un recueil de nouvelles. C’est donc mon second, qui s’intitule « Les Gabians se lèvent à 5h ». Il s’agit de nouvelles à la fois sombres, avec du suspense et une certaine folie meurtrière. Dans mes récits, je pars d’une émotion qui me percute, que ce soit un amour intense, une aventure loufoque ou une expérience marquante. Lorsque cette émotion est très forte, je la compare à un soleil traversant mon être, je peux en tirer un roman. Et les plus petits soleils émotionnels donnent naissance à des nouvelles. Ces rencontres évoquées dans mes nouvelles sont toutes inspirées de rencontres autobiographiques, que j’ai romancées.

Pouvez-vous nous raconter l’intrigue de quelques-unes de ces nouvelles ?
Bien sûr, prenons deux exemples. Un jour, je reçois un appel à la maison d’une jeune femme qui aime mon travail et voudrait me montrer ses récits. Elle m’invite chez elle, se présentant comme élève infirmière à l’hôpital Nord de Marseille. Elle me lit une de ses nouvelles qui ressemble étrangement à notre rencontre : une aspirante écrivaine invite un auteur chez elle, l’attache à un fauteuil de metteur en scène, lui lit une de ses nouvelles… puis finit par lui trancher la gorge. Je peux vous dire que j’étais sérieusement troublé, et je vous laisse lire comment finit l’histoire dans ce recueil. Dans une autre nouvelle, toujours inspirée d’une situation réelle, un huissier m’exige le paiement d’une dette impayée de 20 000€, suite au décès de mon père qui était placé en maison de retraite. Je n’avais pas de quoi payer et sa visite m’a plongé dans une rage folle. Il se peut que dans la nouvelle ça ne se finisse pas aussi bien pour lui que dans la réalité ! C’est une nouvelle très drôle avec beaucoup d’humour noir.

Vous êtes un habitué de la Fête du Livre d’Hyères, que pensez-vous de cet événement et que proposerez-vous cette année ?
Je suis toujours étonné par la croissance de ce festival, ainsi que par sa capacité à rivaliser avec les plus grands événements littéraires du pays. Cette année, je présenterai mes nouveaux romans et ce recueil de nouvelles récemment publié. Je participerai également à deux débats, l’un le samedi et l’autre le dimanche. Ce festival est un moment fort où nous pouvons rencontrer le public, mais aussi nous rapprocher des autres écrivains, échanger et éviter la compétition constante qui règne dans le monde de l’édition.

Parlons un peu du succès de votre dernier roman, « Minuit dans la ville des songes ». Comment avez-vous vécu l’accueil du public ?
Le livre a été accueilli chaleureusement par le public, dépassant les 30 000 exemplaires vendus, principalement grâce au bouche-à-oreille. C’est une reconnaissance tardive mais gratifiante pour un écrivain régional comme moi, qui n’a pas forcément bénéficié de la même exposition médiatique que les écrivains parisiens. Ce succès montre la force du réseau de lecteurs, de libraires et d’enseignants qui font circuler les livres.
En parlant de votre littérature, vous célébrez souvent notre région. Quelle est votre approche de la Provence dans votre écriture ?
Je célèbre ma région non pas de manière régionaliste, mais en mettant en lumière sa beauté, ses habitants et ses émotions universelles. Comme le disait Giono, le plus grand écrivain provençal est Shakespeare, car ses personnages résonnent avec tout le monde. De même, j’essaie d’écrire des romans qui touchent les lecteurs du monde entier, tout en décrivant les particularités de la Provence. Fabrice Lo Piccolo

Agenda