René Frégni – Une seconde chance grâce aux livres.

Minuit dans la ville des songes

René Frégni est l’auteur de plus d’une quinzaine de romans, imprégnés de son expérience et de son parcours chaotique. Ses récits, pleins de charme sensuel et léger, lui ont valu l’attachement d’un public fidèle.

 

René Frégni entreprend ici le récit de sa vie, depuis l’enfance à Marseille jusqu’à la période actuelle à Manosque, déjà évoquée dans des livres précédents. Après une jeunesse chaotique, passée à fréquenter voyous et prostitués, il se retrouve en prison pour désertion. C’est alors qu’il découvre le pouvoir des livres…

Après une quinzaine de romans, qu’est-ce qui vous a donné envie de passer à un récit autobiographique ?
Certaines de mes grandes émotions donnent naissance à un livre, telles que la perte d’un proche ou la naissance d’un autre. Je dis toujours que l’écriture c’est organiser le chaos des émotions. Lorsque j’écris je comprends mieux ce qui m’arrive. J’organise le chaos de mes émotions à travers mes romans autobiographiques.

Comment passe-t-on de truand, avec comme modèle Lucky Luciano, à écrivain connu ?
On ne choisit pas d’être connu. Au départ, personne ne voulait publier mes romans. Puis un de mes livres l’a été et j’ai gagné deux prix littéraires. Alors on m’a demandé si je n’avais rien d’autre. Petit à petit, on touche de nouveaux lecteurs. Aujourd’hui je suis traduit dans plusieurs langues et le cinéma a même acheté un de mes récits. Je prends toujours du plaisir à écrire, je m’isole dans ma chambre et note dans mon cahier. Ça s’est fait tout seul, avec simplicité, on ne cherche pas à être lu par une multitude de lecteurs, plus on prend de plaisir à écrire plus on en donnera.

Pourquoi avoir choisi d’animer des ateliers d’écritures dans la prison des Baumettes ?
Il y a trente ans, j’avais sorti mon premier roman : « Les chemins noirs », où je raconte mon séjour dans une prison militaire. J’avais été condamné à six mois pour désertion. Pendant cette période, j’ai découvert la littérature, alors qu’enfant à Marseille, je ne lisais pas, j’étais une petite racaille. Et brusquement, je me retrouve dans cette prison. Il n’y avait ni télévision, ni radio, en revanche, il y avait des livres. Ceux qui ne lisaient pas devenaient fous, et ceux qui lisaient devenaient des lecteurs… et s’évadaient en lisant. J’ai raconté tout ça dans mon premier roman et le Ministère de la Culture m’a appelé pour me demander d’animer des ateliers d’écriture en prison. J’ai accepté. Je pense qu’il faut donner à ces hommes une seconde chance grâce aux livres.

Vous êtes sélectionné pour le Prix des Lecteurs du Var, qu’est-ce que cela vous fait ?
C’est un vrai plaisir. Le prix des lecteurs est le plus beau prix car si des lecteurs votent pour vous, cela signifie qu’une majorité d’entre eux a aimé votre œuvre.

Aujourd’hui, vous vivez à Manosque, pourquoi ce choix ?
Parce que j’aime la nature : les collines, les arbres, les rochers, les rivières, les animaux. Je suis un grand observateur de la nature, un contemplatif, un rêveur. Je marche beaucoup. Tout cela, je ne peux le trouver ni à Lyon, ni à Paris, ni à Bordeaux. J’étais malheureux à l’école car j’étais enfermé toute la journée. Dès que je pouvais, je m’évadais en allant sur les plages de Marseille. J’aime les grands espaces et j’aime lire les écrivains des grands espaces, comme Jim Harrison ou Jean Giono, des gens qui nous jettent dans la foret dès le matin.

 

Lilas Leca

 

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